Pédophilie et inceste : défendre l’indéfendable ?

Source [Le Parisien] Les déflagrations touchant Olivier Duhamel ou Gabriel Matzneff ont libéré la parole et remis en cause une certaine époque. Celle où les abus sexuels perpétrés contre des enfants étaient théorisés par une minorité d’intellectuels comme une manière de vivre libre.

Elle est la seule des trois à parler face caméra. Sur le plateau des « Dossiers de l'écran », ce mardi 2 septembre 1986, l'émotion est particulière. Les télé­spectateurs d'Antenne 2 viennent de regarder en masse un téléfilm, « Amelia » (37 % d'audience, soit trois fois plus que l'imparable western de la 3e chaîne). Plus que ses qualités cinématographiques, c'est sans doute son thème qui les a attirés si nombreux : un inceste et la façon dont il perturbe sa jeune victime.

Le plateau réunit des psychiatres (parmi eux, Tobie Nathan, tout jeune), des médecins (dont Gilbert Tordjman, qui, terrible ironie du sort, sera, vingt ans plus tard, accusé d'abus sexuels sur ses patientes), une avocate et un juge. Mais la grande nouveauté, c'est la présence de trois victimes. Mesdames X et Y parlent de dos. Eva Thomas, 44 ans, violée par son père à l'âge de 15 ans, refuse cette précaution. Elle a d'ailleurs fondé l'association SOS Inceste un an auparavant, en 1985.

Elégante, les cheveux gris, vêtue d'un vert apaisant, posant des mots volontairement neutres, sauf celui de « monstre » qui, à un moment, lui échappe, elle raconte l'ébahissement, le refuge dans le silence et l'anorexie. Jamais encore de telles paroles n'ont été prononcées à la télévision. « J'ai choisi de témoigner à visage découvert parce que j'aimerais sortir de la honte », affirme-t-elle. Trente-cinq ans après, Eva Thomas ne se souvient pas d'avoir eu peur pendant ces quelques minutes. « J'étais très déterminée. J'avais prévenu ma famille. Je voulais que ça bouge, alors je me suis jetée dans le vide. »

Retrouvez l'intégralité de l'article en cliquant ici