Samedi soir, dans le 18e arrondissement de Paris, les passants étaient témoins d’une scène assez inhabituelle : un enfant de 4 ans, suspendu dans le vide, accroché à un balcon, est sauvé par un certain Mamoudou Gassama, qui est venu avec une énergie peu commune le sauver de ce mauvais pas en escaladant la façade d’un immeuble. Or il se trouve que ledit Mamoudou Gassama est un « migrant », clandestin, venu du Mali. Jouez hautbois, résonnez musettes.
Depuis, c’est le concert de louanges unanimes devant la beauté de ce geste, et la vidéo de l’exploit tourne en boucle sur les réseaux sociaux, et dans les grands médias. Ce fait divers qui se termine bien (c’est suffisamment rare pour que l’on ne boude pas notre plaisir) nous inspire cependant quelques remarques :
- L’enfant, avant d’être rattrapé par un geste musclé, a été sécurisé par un voisin, qui a visiblement, comme en témoigne la vidéo, apaisé le petit, puis l’a tenu à bout de bras. Lui aussi a joué un rôle crucial dans le sauvetage, pourtant personne n’en parle : et pour cause, il n’est visiblement ni migrant, ni clandestin. Le pauvre homme, comme dirait Orgon.
- L’engouement médiatique est stimulé, à l’évidence, par le profil du sauveur, fournissant le plus beau des arguments à tous les partisans des frontières ouvertes largement à l’arrivée des migrants : quand on vous le dit que ce sont des gens exceptionnels, ils sauvent nos enfants !
C’est qu’en démocratie française, il existe le mauvais amalgame, mais il existe aussi le bon amalgame.
Un musulman terroriste, ça existe, et encore on n’en est pas bien sûr, mais tous les musulmans ne sont pas terroristes.
En revanche, ne vous avisez pas de considérer qu’un clandestin héroïque, ça existe, mais que tous les clandestins ne sont pas héroïques : vous vous exposeriez à un crime contre la pensée.
Mamoudou Gassama est devenu en quelques instants l’icône commode d’une France (et surtout d’une gauche) multi-culturelle qui brandit son héros, et vous soupçonne de fascisme identitaire si, d’aventure, vous aviez envie de saluer le geste de Mamoudou Gassama, sans pour autant considérer que tous les clandestins sont attendus à bras ouverts.
- Dernière remarque : la première vidéo du sauvetage à avoir tourné en boucle et qui a été reprise des milliers de fois (ex. sur le site du Figaro : https://www.youtube.com/watch?v=B9bwZ0SjxVM), est barrée d’une gigantesque « Le Coran je pt un cable. » Peut-on savoir quel est le rapport exactement avec l’événement ? Et quel est l’intérêt de cette propagande gratuite qui barre l’image ?
Il est triste que des épisodes comme celui-ci, qui prouve que le courage, l’énergie et l’abnégation sont des valeurs universellement partagées, ne puissent pas être reconnus pour ce qu’ils sont : des témoignages de la noblesse de l’homme, de la personne, et non des occasions faciles de soutenir des revendications idéologiquement biaisées, ou communautaristes. Il est absolument évident que l’émoi public n’aurait pas été aussi intense si le sauveur s’était appelé Jean Dupont. Il n’est pas sûr, notamment, que Mme Hidalgo aurait bousculé aussi vite son agenda pour l’avoir au bout du fil.
Constance Prazel
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