Source [Le Parisien] La fronde des catholiques pour pouvoir continuer à aller à la messe le dimanche ne faiblit pas. Notamment via des appels à des prières de parvis, comme devant Notre-Dame à Paris ce vendredi.
Devant les cathédrales, églises et autres chapelles hexagonales, ils vont manifester « pour le respect de la liberté de culte » et prier « pour le retour de la sainte messe en public ». Des catholiques farouchement opposés au décret suspendant les célébrations religieuses durant le reconfinement ont prévu de se réunir ces prochains jours pour dire un chapelet et tout le mal qu'ils pensent de ces restrictions. Des interdictions confirmées il y a cinq jours par le Conseil d'Etat en raison de la dégradation de la situation sanitaire. Une trentaine de « rassemblements de prière pour le rétablissement au plus vite de la célébration publique de la messe, pour les malades et le personnel soignant » sont d'ores et déjà programmés à Paris, Lyon, Bordeaux, Vannes, Nice, Tours, Poitiers ou Strasbourg, annoncés dans des appels relayés sur les réseaux sociaux.
Des milliers de croyants mécontents sont attendus. Dans la capitale, les ouailles qui dénoncent la privation d'Eucharistie doivent se retrouver sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame vendredi soir. Dans les autres villes, la plupart des manifestations se dérouleront dimanche, souvent à l'heure de la messe. Dimanche dernier, ces prières de parvis avaient déjà fédéré plus de 500 fidèles à Versailles et autant à Nantes.
Sur son site Internet, l'association « Pour la messe », orchestrée par des étudiants qui ont recueilli plus de 105 000 signatures réclamant le retour des offices, propose « un kit d'organisation de rassemblement » sans pour autant en piloter elle-même. Dans ce document, il est dit que « tout rassemblement sur la voie publique doit être déclaré » et qu'il « est essentiel de communiquer ». « Cela permet d'être repris sur les réseaux et dans les médias (notamment via les vidéos). Sans l'image, l'efficacité de la mobilisation tombe à l'eau », stipule-t-il. Pour « le temps de prière », il est suggéré aux maîtres de cérémonie de rappeler que « rien n'est impossible à Dieu », que « le Christ est capable de tout » et qu'il « peut sauver la France, fille aînée de l'Eglise ».
Le mouvement de contestation est, en partie, animé par des collectifs de laïcs appartenant à l'aile ultra-conservatrice de l'Église. Le mouvement intégriste Civitas pour qui « la sainte hostie ne s'avale pas de façon virtuelle » invite « tous les catholiques de France à s'organiser pour déclarer tous les dimanches dans différentes villes de France une manifestation sur l'espace public […] pour réclamer que la messe nous soit rendue ». « Les fidèles qui se rendront à cette manifestation indiqueront sur leur attestation Motif familial impérieux », conseille-t-il.
Sur Twitter, des militants de l'Action Française, mouvement d'extrême droite, soutiennent les rassemblements parce que « la messe n'est pas négociable ». « C'est une occasion pour les anti-Macron et anti-Etat d'en remettre une couche », analyse un fin connaisseur de l'Église de France. Pour Jean-Benoît Harel, 23 ans, étudiant en droit et président de l'association Pour la messe, il ne s'agit pas « d'un mouvement unitaire imposé d'en haut » ou qui serait la chasse gardée des traditionalistes. « Il y a diverses sensibilités qui représentent le désarroi des catholiques », observe-t-il.
A Rennes par exemple, c'est Joseph, 23 ans, membre de l'aumônerie étudiante et paroissien « pas du tout tradi » qui chapeaute dimanche en fin d'après-midi le rendez-vous devant l'église Notre-Dame en Saint-Melaine. « C'est la première fois que je déclare une manifestation en préfecture », raconte le néophyte qui refuse « toute récupération politique ». Il entend bien « montrer que c'est la base qui est aussi mobilisée ». « La vie chrétienne est communautaire. L'essence de la messe, qui est un élément essentiel pour tout croyant, c'est l'Eucharistie. Devant un écran, ce n'est pas la même chose », décrit l'étudiant en informatique. Il s'engage à respecter de manière « très stricte » les règles sanitaires. « On aura du gel hydroalcoolique », précise-t-il.
Pour l'heure, l'épiscopat se tient à l'écart de cette fronde sans pour autant prendre totalement ses distances. « On ne soutient pas, on n'appelle pas à ces rassemblements mais on ne le condamne pas. Ils sont le signe que la messe est un besoin pour les catholiques », commente Vincent Neymon, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF). Si cette instance se montre prudente, c'est aussi parce qu'elle s'apprête à entamer de nouvelles négociations avec le gouvernement pour tenter de trouver un terrain d'entente. Selon nos informations, elle pourrait prendre les devants très prochainement et proposer un nouveau protocole sanitaire aux autorités suggérant par exemple une jauge de fidèles à ne pas dépasser lors des cérémonies religieuses.
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