Source [Atlantico] Alors qu’Emmanuel Macron est lui-même intervenu pour demander plus d’efficacité à la Commission, les dysfonctionnements institutionnels de l’Union sont d'autant plus graves que le grand plan de relance européen a encore pris du retard.
Atlantico.fr : Le président français Emmanuel Macron, commence à hausser le ton à propos des commandes de vaccins au niveau européen. Cependant, il ne suffit pas de dire publiquement à la commission d’être plus efficace pour que cela marche. En tant que président, que peut-il faire à son niveau pour améliorer le processus ?
Guillaume Klossa : La question qui se pose est de savoir si, quand les 27 chefs de gouvernement ont missionné la Commission européenne pour acheter les vaccins, ils ont bien veillé lui à donner les moyens institutionnels, humains et financiers pour qu’elle mène à bien sa mission, sachant que l’Union n’avait pas de compétence institutionnelle sur ce sujet ni l’expertise, extrêmement rare en matière d’achat massif de vaccins. Et la réponse est clairement non.
On ne peut pas demander toujours plus à la Commission Européenne sans veiller à améliorer sa capacité stratégique et d’action, de coordination effective et de mise en oeuvre.
Voyons également ce qui est positif : Sans la commande massive de vaccins de l’Union européenne assurant des débouchés garantis aux laboratoires et leur donnant la possibilité de mener un effort de R&D sans équivalent dans l’histoire, la mise au point des vaccins, aurait été beaucoup plus longue. Les Européens ont commandé plus d’un quart de la production mondiale de vaccins, c’est considérable.
Par ailleurs, le rôle amont de l’Union a été décisif et cela personne le souligne, les vaccins BioNTech (allemand) et Oxford-AstraZeneca ont été découverts par des chercheurs qui ont bénéficié du soutien du European Research Council de l’Union européenne, présidé par le français Jean-Pierre Bourguignon.
Entre AstraZeneca et l’Union-Européenne, le torchon a brûlé. Le libre échange entre l’Irlande du Nord et l’Union-Européenne a été momentanément suspendu. Qu’est ce que cet épisode nous apprend de l’état de l’union ?
Guillaume Klossa : Faisons preuve d’un peu d’indulgence. La décision d’Ursula Von Der Leyen est un bug comme beaucoup de politiques, et en premier lieu Boris Johnson, en ont fait durant cette crise. Il faut plutôt s’interroger sur la méthode de prise de décision. Cette décision aurait dû donner lieu à une discussion préliminaire et collective avec la consultation du conseiller spécial sur la relation post-Brexit Michel Barnier ainsi que du Premier Ministre Irlandais.
Les dirigeants politiques de nombreux pays de l’Union et au-delà, se croient, à cause de la crise, dans la nécessité d’agir et de décider dans l’extrême urgence, adoptant une mode de décision trop verticale, qui les conduit à multiplier les erreurs.
Reconnaissons que, contrairement à ce qu’aurait fait un Trump en persévérant dans l’erreur pour ne pas se déjuger, la Commission a vite réagi. Le dispositif a été retiré et Ursula Von Der Leyen s’est excusée.
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