Source [Atlantico] : Alors que Vladimir Poutine vient de déclarer qu’il considérait que l’Union européenne était partie prenante au conflit en Ukraine, quelle attitude adopter face à Moscou ?
Atlantico : L’Europe s’affiche actuellement dans une posture à deux dimensions : pratiquer une escalade de fait en augmentant son soutien à l’Ukraine et les sanctions, tout en affichant ses doutes et sa volonté d’apaisement, comme Emmanuel Macron écrivant « We don’t want a World War III ». Ne faudrait-il pas inverser la logique ?
Viatcheslav Avioutskii : Beaucoup d’articles circulent pour s’interroger sur l’utilité de la politique de sanctions et temporiser leurs effets. Je pense que c’est erroné. Il y a aussi eu quelques manifestations pro-russes en Europe, à Prague et en Allemagne, appelant à l’apaisement. Pour le dire clairement, l’Europe n’en a pas suffisamment fait, dès le début, pour éviter la guerre. Elle aurait dû, dès le début, commencer à envoyer des armes plutôt que de dire que nous n’interviendrons pas en Ukraine. C’est sans doute une erreur stratégique due au doute sur le fait que l’Ukraine pouvait résister. Toujours est-il qu’aujourd’hui, la politiquement d’apaisement est erronée. Nous avons joué l’apaisement en 2014 et ça n’a pas fonctionné. Aider l’Ukraine pour arrêter cette agression est sans doute la politique la plus rationnelle, car Poutine, lui, on ne sait pas où il va s’arrêter dans son irrationalité. Si on lâche le morceau aujourd’hui, il est presque sûr qu’il cherchera à s’en prendre aux Etats baltes, puisqu’il se positionne dans la lignée de Pierre Le Grand, qui n'a pas cessé de faire des guerres contre des Etats européens.
Liz Truss avait fait un discours programmatique en avril dernier Return of geopolitics. Elle y dit clairement que l’on s’est trompé avec Vladimir Poutine, avec la Russie mais aussi avec la Chine et le reste. Pourquoi ? Car on a cru que ce monde idéalisé, plat et sans frontières, peut produire une dépendance globale qui aurait pacifié le monde. En ce sens, l'Ostpolitik a été une erreur. De même, la rhétorique de regime change que les Etats Unis ont développée dans les années 1990 n’a pas eu les effets escomptés. Ce qu’il faut bien réaliser, c’est que notre position sur l’Ukraine aura des conséquences sur le futur de nos relations internationales. Et globalement, la politique d’apaisement ne fonctionne pas avec ce type de régime. Il faut donc inverser la logique.
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