[Source: Magistro]
L’ensemble des commentaires des politiques et du monde médiatique sur l’élection présidentielle autrichienne est d’une affligeante médiocrité. La formule "extrême droite" revient dans toutes les bouches et sous toutes les plumes comme un leitmotiv, et toute réflexion s’arrête une fois qu’elle a été prononcée.
Il s’est trouvé un politicien des plus respectables, chef de parti centriste pour dire : "C’est la première fois qu’un homme d’extrême droite serait élu en Europe depuis Hitler". Ce brave Monsieur en a même oublié ses leçons d’histoire de Terminale : Hitler n’a pas été élu, mais nommé chancelier alors que son parti était minoritaire au Reichtag…
Les évènements de dimanche dernier en Autriche soulèvent des questions gigantesques, sur la manière affligeante dont les Européens ont géré la crise migratoire en 2015, sur l’évolution bureaucratique de l’Union Européenne, ressentie comme coupée des peuples et désormais largement rejetée, sur la représentativité des classes politiques européennes, sur la démocratie, sur la Turquie, sur la désintégration de l’Europe politique impuissante face aux déchirements planétaires qu’elle subit sans rien maîtriser.
Tous ces questionnements, ces interrogations sur les bouleversements en cours, décisif pour l’avenir, ont été esquivés et noyés dans la formule magique "extrême droite". Il est tellement plus facile de réduire la réalité à un duel titanesque entre le jour et la nuit, le bien et le mal "fasciste". Une fois de plus, les médias français ont ouvert avec bonheur, délectation et jubilation, grand leur porte au front national qui fanfaronnait sur toutes les chaînes en martelant le mot "patriote", un joli mot chargé d’histoire, ainsi détourné de son sens parce que les autres formations politiques l’ont lâchement, minablement abandonné. Le monde médiatique, rongé par l’hypocrisie et le double-langage, vénère et sublime ce parti qui lui permet de montrer une France en proie elle aussi au démon fascisant et d’étouffer le monde réel dans un fantasmatique combat contre le diable. Le désert absolu : pas un mot, pas une phrase un peu sensé, un peu lucide. Nous n’avons vu et entendu que des politiciens, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, obsédés par la manière dont ils allaient pouvoir récupérer, en faveur de leur image narcissique, les évènements politiques autrichiens. Triste et dramatique constat…
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