Une analyse stimulante des relations transatlantiques : la politique de Biden risque d'avoir pour conséquence d'anesthésier un peu plus les Européens sur la scène mondiale, là où les prises de position tranchées de Trump les obligeaient à exister.
Source [Marianne] William Thay et Marion Pariset, membres du think-tank "Le Millénaire", analysent les probables effets de l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche.
L’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche ne rebattra pas fondamentalement les cartes de la politique étrangère américaine, dont le pivot vers le Pacifique s’applique depuis la présidence d’Obama. Avec ce nouveau président plus consensuel, les relations transatlantiques risquent de freiner l’autonomisation de l’Europe vis-à-vis des États-Unis, alors même que Donald Trump avait eu l’effet d’un électrochoc chez les dirigeants du vieux continent.
Dès la première semaine de son mandat, Joe Biden a tenu à rompre avec la ligne de son prédécesseur sur un certain nombre de dossiers de politique étrangère. Plus susceptible de se rallier aux Européens sur les questions environnementales et des droits de l’Homme, le président américain cherche dès à présent à normaliser ses relations avec des pratiques diplomatiques plus traditionnelles, délaissant la méthode unilatérale de Donald Trump qui jouait sur les divisions pour se maintenir au centre jeu (Royaume-Uni face à l’UE, Corée du Nord face à la Chine, Israël face à l’Iran…). Au-delà des enjeux environnementaux, le choix de réintégrer l’accord de Paris sur le climat montre bien la volonté de Joe Biden d’apaiser les relations avec les partenaires historiques des États-Unis.
En outre, le réinvestissement des instances multilatérales, comme annoncé pour l’OMS, sera sans doute un soulagement pour les Occidentaux qui, impuissants du fait de leur logiciel politique dépassé, y constataient la montée en puissance de la Chine. Dans un contexte de réémergence de nations aux volontés impérialistes et de déclassement européen, ces organismes demeurent des leviers essentiels pour porter les valeurs et défendre les intérêts de l’ancien monde. La présidence Biden devrait ainsi voir un relâchement de la pression américaine sur les membres de l’OTAN, que Donald Trump menaçait de quitter.
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