Source [Marianne] Des milliers de policiers se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale, ce 19 mai, pour réclamer plus de reconnaissance et des sanctions plus dures contre les délinquants. La mobilisation a viré à l'attaque en règle contre la justice.
La manifestation des policiers en colère n’a duré qu’une heure trente chrono. Deux semaines après le meurtre du policier Eric Masson, ils sont des milliers à se retrouver devant l’Assemblée nationale, ce 19 mai, pour dénoncer une justice jugée trop laxiste. Sous des averses de pluie, en ce début d'après-midi, les stars du syndicalisme policier s'enchaînent à la tribune et s'en prennent frontalement à l'institution judiciaire. « Le problème de la police, c’est la justice ! La justice doit rendre des comptes », assène Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance-Police, faisant huer par les policiers quatre récentes décisions judiciaires, jugées trop laxistes, à l’encontre de personnes suspectées de violences contre des policiers. « Oui, disons-le ! Crions-le ! », tempête un flic au milieu la foule.
Sur cette portion du quai d’Orsay, à Paris, des centaines de drapeaux aux couleurs des principales centrales syndicales, Unité SGP Police, Alliance Police et CFDT Police, flottent au vent, aux côtés de quelques pancartes (« Payés pour servir, pas pour mourir », « Justice, défends-nous »). Une fausse scène de crime a également été installée, avec au milieu un corps représentant un policier, façon de rappeler le lourd contexte dans lequel se déroule ce rassemblement : le meurtre du brigadier Masson, tué sur un point de deal de drogue, à Avignon, mais aussi celui de Stéphanie Montfermé, poignardée à Rambouillet par un Tunisien vraisemblablement radicalisé.
Si les membres des forces de l'ordre qui manifestent viennent pour beaucoup de région parisienne, certains ont fait le chemin depuis l’Alsace, la Bretagne ou la Côte d’Azur. Un policier rigolard n’en revient pas de croiser un ancien collègue : « Ah mais t’es là toi aussi ! » Certains ont pris une pause sur leur service du jour pour être présents et repartent aussitôt. Selon les organisateurs, 35 000 policiers étaient présents. La Préfecture de police de Paris, elle, n'a communiqué aucun chiffre.
« Les peines minimales pour les agresseurs, voilà le message fort et clair que nous attendons », clame sur l'estrade Grégory Joron, secrétaire général délégué d’Unité SGP Police. Le syndicaliste en appelle à en finir avec le « police bashing », clamant que « les policiers sont les fils du peuple » mais vivraient aujourd’hui en « parias », « se cachant presque ». Le message est sans ambiguïté : les policiers veulent de la reconnaissance.
Voire de l’amour, semble penser Gérald Darmanin, leur ministre de tutelle, venu saluer les manifestants. « Tous les matins quand je me lève, tous les soirs quand je me couche, je pense à vous », a-t-il minaudé, en se frayant à grand-peine un chemin à travers la foule compacte rassemblée le long de la Seine. Mais cette démonstration de « soutien » de la part du ministre de l’Intérieur déclenche chez les manifestants des réactions contrastées. « S’il a des idées pour nous aider, Monsieur Darmanin ferait bien de rentrer au gouvernement ! », raille Jérôme, gradé de police et membre de Synergie officiers dans les Hauts-de-France. Un autre, en poste à Vincennes, préfère dénoncer un ministre qui « ne fait rien » : « C’est tout de même lui qui est aux manettes ! », gronde-t-il.
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