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Le temps des gens ordinaires

Le temps des gens ordinaires
  • Auteur : Christophe Guilluy
  • Editeur : Flammarion
  • Année : 2020
  • Nombre de pages : 207
  • Prix : 19,00 €

Entomologiste de la « France périphérique », concept développé et popularisé par ses soins, Christophe Guilluy met dans son dernier livre un coup de projecteur sur ces éternels laissés-pour-compte que le quinquennat d’Emmanuel Macron a contribué à mettre en valeur.

En effet, paradoxalement, l’incapacité du président à « parler au peuple » a permis de prendre conscience de la cohorte des oubliés et de leur redonner une existence médiatique, culturelle, empreinte de valeurs positives.

Christophe Guilly, géographe se faisant historien, remonte le temps pour rappeler que les « petites gens » ont disparu des radars des élites politiques depuis longtemps déjà : c’était déjà le cas à l’heure du Parti socialiste tout-puissant de l’ère Mitterrand. L’espace médiatique a été totalement accaparé par une caste mondialiste déracinée, au sourire Colgate impeccable, à l’énergie inoxydable, que nous ne connaissons que trop bien. Mais « l’on entend déjà la révolte qui gronde » : le réveil des « canuts est depuis longtemps réalisé, en France, en Europe, et ailleurs dans le monde. Le divorce entre les petits et les représentants de l’élite n’est plus un processus en cours, il est définitivement entériné, et c’est ce qui permet l’essor et la prise d’envol de ceux que l’on affuble du sobriquet de populistes. Aujourd’hui, la réalité virtuelle dans laquelle évolue les élites ne fait plus rêver personne. La dénonciation de la mystification relève de l’évidence, et cela ne peut, selon Guilluy, que faciliter, enfin, le changement de logiciel politique et culturel tant attendu. Il écrit : « Les gens ordinaires ne s’excuseront plus d’être ce qu’ils sont. » Voilà une bonne nouvelle, et une rupture majeure qui peut considérablement changer la donne politique.

L’ouvrage est sorti au mois d’octobre. Depuis la situation ne fait que conforter les vues de l’auteur : la confiance dans les médias n’est plus que lettre morte, le monde « parallèle » de ceux qui n’ont pas le pouvoir a définitivement pris conscience de son existence et de sa valeur, à mesure que le système se défend par voie de censure. Guilluy ne s’arrête pas au constat pessimiste du « tout est foutu », et nous lui en savons gré : pour lui, « l’idéologie dominante ne domine plus ». Pour gérer les deux défis contemporains que sont l’environnement et la démographie, il faudra prendre en compte les aspirations légitimes et « raisonnables » (ce sont ses mots) des gens ordinaires. Pour cela, il prône clairement la régulation de l’immigration, seul moyen d’intégrer et de renforcer la communauté. Il ne redoute pas le vieillissement de la population, car il y voit, ce qui n’est pas absurde, un vecteur de stabilisation, revalorisant la lenteur et la proximité, dynamique des gens ordinaires et véritable mouvement du monde. Une perspective stimulante. .


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