François Hollande, Angela Merkel et Vladimir Poutine se sont rencontrés vendredi 6 février au Kremlin pour négocier un nouveau plan de paix afin de tenter de mettre fin à dix mois de guerre dans l'est de l'Ukraine. Avant d'arriver à Moscou, le président français et la chancelière allemande avaient exposé leur plan au président ukrainien Petro Porochenko.
LA VOLONTE française de détacher l’Ukraine de la Russie n’est pas une nouveauté. L’on oublie trop souvent en effet que la France a longtemps eu une politique ukrainienne très hardie. L’une des plus constantes traditions diplomatiques françaises consiste à maintenir la mer Noire ouverte afin de mettre à la disposition de la France ses richesses céréalières puis pétrolières. Bref, la volonté française d’affaiblir une Russie parfois menaçante consiste à détacher l’Ukraine de Moscou.
Ce plan est caressé par Mazarin puis par Choiseul dont la politique est fondée sur la double opposition envers l’Angleterre et la Russie. Tour à tour, Vergennes, Hauterive, Antoine de Saint-Joseph puis Talleyrand s’intéressent à ce pays. Voltaire justifie cette politique en déclarant : « L’Ukraine a toujours aspiré à être libre. »
Zone témoin
Mais c’est Napoléon qui concrétise le plan élaboré par les bureaux de la monarchie française, le jour où l'évolution de la situation européenne rend inévitable un duel avec le tsar Alexandre. L’idée des diplomates français consiste à reconstruire un État cosaque indépendant nommé la Napoléonide. Cet État vassal et allié de la France permettrait d’ouvrir la route des Indes. Malgré le grand espoir français de 1812, l’Ukraine est soumis massivement à la russification.
En réalité, la question ukrainienne se présente comme un problème international témoin. Elle ressurgit chaque fois que l’Europe est en proie à une crise profonde, qu’un nouvel ordre apparaît ou que son équilibre profond se modifie.
Il en est ainsi dans la mesure où ce pays se présente comme un centre de gravité permettant à la Russie de peser sur l’Europe où à l’inverse à l’Europe d’enfoncer un coin dans la Russie.
Th. Fl. de La N.
Illustration : Etienne-Francois de Choiseul (1719-1785).
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Dommage que cet article ne soit que l'Ukraine "vu de France" et pas "vu de l'Allemagne". Car sauf erreur de ma part Choiseul regardait l'Ukraine dans l'exclusif intérêt de la France, hors la particularité ici est que nous avons un duo franco-allemand pour se charger du sort de l'Ukraine. C'est probablement une première.
Voir le commentaire en entierHistoriquement la France et l'Allemagne divergent sur la question de l'Ukraine. Prenons le cas de la région a région Nord-Ouest (Lvov), à la frontière polonaise pendant la seconde guerre mondiale. En vertu du pacte germano-soviétique, cette région est attribuée à l'union soviétique avant d'être occupée par les allemands. A la rupture du pacte germano-soviétique en 1941, les bolchéviques sèment la terreur dans la région et les civils allemands se rapatrient en Allemagne. Dans cet exil, ils offrent l'asil à une partie (non juive) de la population locale ukrainienne (et j'ose l'affirmer puisque c'est l'histoire de ma propre grand-mère). Les juifs d'Ukraine subiront quant à eux le sort de l'extermination à grande échelle dans les conditions d'horreur que l'on connaît. A la même époque, la France est alliée à la Russie de Staline. On peut supposer que aujourd'hui encore une partie de la population ukrainienne à l'ouest voit dans l'Euroreich un état protecteur. En Allemagne, ne conserve-t-on pas comme un devoir moral la nécessité de veiller sur le peuple ukrainien, alors qu'en France on voit l'Ukraine de façon plus éloignée quelque part là-bas à l'Est ? Peu importe, car cela ne nous appartient pas de décider du bonheur des peuples.
Il me semble donc curieux et saugrenu et je n'ose pas dire suspect de voir aujourd'hui monsieur Hollande et madame Merkel main dans la main (alors qu'ils n'ont pas d'affinités particulières par ailleurs) s'en aller négocier avec monsieur Poutine. On est en droit de se demander si monsieur Hollande est parti en Russie au nom de la France ou au nom de l'Union Européenne, ou qui sait, au nom de l'OTAN.
Et finalement de quelle Ukraine parle-t-on ? Avez-vous déjà tenté de comprendre l'histoire de cette région ? Il faut à mon humble avis aider le peuple (les peuples ?) ukrainien à choisir son destin et ne pas se mêler de la politique interne de ce pays sauf à limiter les combats meurtriers. Où sont les casques bleus ?
(Ceci est un extrait d'un article sur l'histoire de ma grand-mère Anastasia, née dans la région. On trouvera l'histoire complète sur http://dlf-auvergne.blog4ever.com/une-explication-de-la-crise-ukrainienne-ou-l-histoire-de-ma-grand-mere)