Source [Politique Magazine] Penser printemps ! disait Emmanuel Macron à ses fervents, en janvier 2017. Penser printemps pour l’agriculture, répétait-il en janvier 2018. C’est-à-dire être attentif à ce qui lève, à ce qui fermente, à ce qui advient. Penser printemps, c’est semer pour voir germer. Mais quelles moissons Emmanuel Macron s’attend-il à voir lever de Notre-Dame ruinée au début du printemps ?
Pour le despote éclairé, tout est signe du destin. Sa marche est voulue par les dieux, et c’est fort de cette conviction qu’il entend trancher de tout avec superbe (et gageons que les courageux qui ont appelé le président à plus de retenue et de modestie vont payer leur rigoureuse honnêteté). Alexandre détruisit le nœud gordien – et on se demande encore la vertu de son geste idiot –, Macron profite de l’incendie pour affirmer que tout est plus beau pourvu que cela advienne par ses soins. Il est le démiurge. Tout est meilleur pourvu que cela soit son œuvre. Notre-Dame sera une start-up cathédrale, au cœur d’une île de la Cité enfin conçue comme un touristland inclusif, citoyen et irrigué de luxueuses boutiques. On verra mieux les tableaux ! Les débris seront choyés ! Tout juste si on ne proposera pas à l’évêque d’adapter le format des cérémonies et le calendrier liturgique en fonction des pics de fréquentation. Et pour arriver à ce beau résultat, une loi d’exception, qui fait toutes choses plus belles, et singulièrement les règles qui s’appliquent à tous mais pas aux désirs du printanier Président.
Notre-Dame-Park ?
C’est qu’il en a, des désirs ! Des désirs européens, contrariés en permanence par l’Allemagne, qui a compris, elle, qu’elle était au centre de cette Europe démesurément élargie d’où la France a été repoussée à l’extrême-ouest ; contrariés par la Pologne, qu’il conspue ; par l’Italie, qu’il insulte. Quel pays n’a-t-il pas lassé par son verbe haut ? Tous le lui font sentir, à chaque proposition rejetée, à chaque chantier repoussé, à chaque décision prise contre son avis, la dernière en date étant l’ouverture de négociations commerciales avec les États-Unis. Il ne lui reste plus que la France pour parader et songer à son printemps à lui, à son éclosion, à la métamorphose de ce vieux pays décevant, au peuple rebelle, querelleur, vindicatif (et paresseux, selon lui, qui semble ignorer les statistiques sur la productivité du travail en France – sans tenir compte de la fiscalité qui y est associée) et trop ignare pour avoir peur des fantômes qu’il agite, nationalisme ! populisme ! pas le choix ! moi ! Laissez-moi épanouir la France ! Que mille Macrons fleurissent !
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