Le Petit Nicolas a suscité une polémique dans les médias de gauche, c'est-à-dire les médias en général. À l'exception notable de Vincent Lindon de Libération (mais qui avait dit le plus grand bien jadis du polémiste de droite Serge de Beketch, un disciple d'ailleurs du grand Goscinny), le film a reçu une volée de bois vert, parce qu'il a représenté une France ethniquement incorrecte comme en son temps Amélie Poulain.

La critique étant toujours idéologue, elle ne pouvait que relier la piètre qualité du film au contenu supposément suspect de sa rance idéologie de France moisie. Et tant pis si le père du petit Nicolas est joué par un acteur d'origine maghrébine, d'ailleurs rendu déjà célèbre dans le film franchouillard Bienvenue chez les chtis.

Un film poussif
Je précise que je n'ai jamais été un fan du livre, alors que je vénère Goscinny, et que je trouve le film assez moyen : il manque de rythme, les gags, de nerf, et la direction d'acteurs laisse notoirement à désirer. Les parents sont lamentables, les enfants manquent de synergie, de chemistry comme disent les Yankees. On dirait qu'ils récitent leur petite leçon bien apprise comme une poésie de La Fontaine.

La mise en scène elle-même évoque une pub bien huilée pour Peugeot 404, ravioli Buitoni ou machine à laver Vedette des années 60-70 : on a du mal à donner de l'impulsion aux scènes et de l'unité au film, alors que les scénaristes se sont fendus d'une intrigue digne de Charles Perrault : la peur du petit Nicolas d'être abandonné par ses parents à la naissance d'un petit frère putatif.

Le film est ainsi une succession d'actes manqués : les escroqueries, les cours, le projet d'enlèvement, la potion magique, la roulette, l'inspection, le dîner avec les patrons, la rencontre amoureuse au vert paradis des amours enfantines et j'en passe. La scène qui le résume le mieux est celle où les parents poussent la Peugeot où s'est enfermé l'enfant : elle rend vraiment l'atmosphère poussive de l'opus.

L'offensive idéologique
Pour une fois donc, l'offensive idéologique mérite d'être commentée : Le petit Nicolas n'est plus adapté à la France d'aujourd'hui où 40% des naissances sont d'origine non européenne.

Un film sur l'enfance se devrait donc de refléter la diversité raciale de notre pays, et se devrait surtout de la projeter dans le passé. Avant que l'on repeigne en noir le sacré cœur et que l'on transforme Notre-Dame en mosquée, il faudrait ainsi réécrire l'histoire de la France et la repeindre aux couleurs vives et chatoyantes de la société plurielle. À l'inverse de notre bien-aimé ministre de l'Intérieur, on dira, en parlant de ceux dont on taira le nom, que c'est quand il y en a peu que cela se passe mal...

Je ne vais pas tortiller, au risque de choquer : pour moi la France de grand-papa est morte. Elle n'existe plus... C'est pourquoi j'ai regardé avec un intérêt certain la scène où les têtes blondes de la France du Nord et de la Picardie viennent boire de la potion magique. Cette scène est effectivement un clip du Front national, au sens ou Kaganski des Inrocks parlait du film Amélie Poulain. Et elle est d'autant plus rigolote qu'elle est involontaire. Elle en est presque poétique, nervalienne je dirais.

Mais je remarque quand même que des Visiteurs aux Chtis, que des Choristes au Petit Nicolas, les films qui font référence à la franchouillardise remportent toujours un immense succès populaire. Cela reflète peut-être le vieillissement de notre pays acariâtre : les scènes les plus pénibles du film sont d'ailleurs celles où l'on voit précisément ces bons acteurs du passé comme Jugnot, Anémone, Duchaussoy et surtout Galabru venir montrer leurs cheveux blancs et leurs rides.

Car le futur de la France franco-française est dans les hôpitaux, les maisons de retraite en ruine et les cimetières, qu'on se le dise une fois pour toutes. Et merci aux gens de gauche de m'avoir donné envie d'aller voir ce film, que j'ai vu avec deux enfants d'amis russes, blonds comme les blés et francophiles, eux.

 

 

 

 

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