Qui sème le vent récolte la tempête : notre Premier ministre catalan avait parlé d’un tremblement de terre lors des dernières élections européennes en France ; ce dimanche 2 novembre, un sondage du quotidien de gauche El Pais a déclenché les passions en Espagne (plus de dix mille commentaires sur le site !) : le petit parti gauchiste Podemos caracole en tête des sondages et dépasse l’increvable Parti socialiste. Le parti de droite dit PP s’enfonce sous les crachats de la foule.
Arrivé au pouvoir il y a trois ans seulement, après huit ans de calamiteuse gestion socialiste, le parti conservateur s’est mis toute la nation à dos : il a pourtant obéi au marché, obéi à Merkel, obéi à l’OTAN, obéi à Bruxelles, obéi aux lobbies ! Soutenu par une presse de droite totalement inepte et aveugle (ABC, la Razon), euro-maniaque et américano-maniaque, il a aussi plié sur la ligne chrétienne et morale tout en enfonçant dans la misère la nouvelle classe de jeunes travailleurs espagnols (50% d’actifs seulement…).
Les fantasmes de la gauche citoyenne
80% des emplois créés depuis un an sont au-dessous du SMIG (645 euros mensuels) ; et le salaire moyen est de dix mille euros brut… par an. Pendant que certains parlaient de récupération économique, les jeunes travailleurs payés comme des Turcs ou des Chinois faisaient leurs comptes.
Ce sont ces jeunes, élevés par le web et sans culture aucune, qui veulent voter pour Podemos ("nous pouvons"), fatigante resucée du slogan d’Obama. Ce parti vient de communiquer son programme politique, maigre salmigondis qui synthétise toutes les fantasmes de la gauche citoyenne. En 36 pages on n’y parle pas de famille (alors que tous nos jeunes gens partisans de ce parti maniaque sont soutenus et entretenus — parfois à vie — par leurs parents) mais des droits et réglages citoyens des animaux et des minorités sexuelles, homosexuelles, transsexuelles, tri-sexuelles, ce qu’on voudra en sexuel et textuel. Ce parti futuriste veut pêle-mêle dire non au traité de libre-échange, se retirer de l’OTAN, prendre ses distances vis-à-vis d’Israël et de l’Église.
Le crépuscule du caractère
Il y a quelque temps l’historien du franquisme Franco Stanley Payne parlait d’une Espagne anesthésiée. Il décrivait un pays où le citoyen « demande quelque chose mais peu » (bière, pizza, Internet), où le désir est assoupi, où tout le monde traîne une vie digne d’un personnage de X-Files devant le foot et la télé poubelle — car Payne ne mâchait pas ses mots...
Et l’on ne peut pas dire que le projet au mot (sic) de Podemos lui donne tort. Par-delà sa carambouille politique Podemos propose une société d’avachis, d’individualistes, de reposés de la panse et de la pensée. Podemos confirme la prescience du génial australien Pearson il y a cent vingt ans : le crépuscule du caractère. Mais ce parti de benêts, une fois au pouvoir, peut aussi précipiter les choses, en Europe comme en Espagne. On peut toujours rêver.
En attendant, les descendants de la Phalange se tournent les pouces…
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