Le Nobel à Annie Ernaux. Pleurer est mon métier

Source [Elements] : L’air du temps est à la mièvrerie sentimentale et aux lettres de dénonciation féministes. Sans cela, jamais le comité Nobel n’aurait décerné son prix à Annie Ernaux, auteur et suffragette de troisième ordre.

Jean Baudrillard disait de la démocratie que c’est la ménopause des sociétés occidentales. Je ne sais pourquoi, cette remarque me fait penser aux livres d’Annie Ernaux, la nouvelle coqueluche de la gauche, nobélisée à 82 ans pour une œuvre aussi épaisse qu’un tract féministe. Par le passé, le prix Nobel a souvent récompensé des écrivains de troisième catégorie, à commencer par Sully Prudhomme, poète du genre onctueux, premier Nobel de littérature, ayant étrenné la longue liste d’auteurs français lauréats du prix, tous mâles. Manquait au tableau une femme : la suffragette tricolore. Prénom : Annie ; nom : Ernaux.

Le propre du comité suédois, c’est d’être en parfaite adéquation trigonométrique avec l’esprit du temps, comme un baromètre qui mesurerait avec une rigueur nordique et luthérienne la pression atmosphérique. Cette année, le fond de l’air est chiant, féministe et bégueule. Le portrait craché d’Annie Ernaux, joli brin de femme au demeurant, fort bien conservée en dépit des flétrissures du temps, à part les lèvres dédaigneuses qui ont longtemps recueilli le fruit vénéneux d’une amertume qui n’a plus lieu d’être.

Une purge et une punition

Annie Ernaux mérite notre reconnaissance. C’est le sédatif et le laxatif le plus puissant de la littérature contemporaine. La lire, c’est faire l’expérience d’un voyage au bout de l’ennui jusqu’à Cergy-Pontoise, ville nouvelle pompidolienne où elle s’est installée il y a des lustres en vigie du progressisme. Le rythme de sa prose rappelle aux plus vieux d’entre nous le balancement lancinant des tortillards de banlieue du temps naguère qui donnaient le mal de mer et prédisposaient à la somnolence du voyageur.

Retrouver l'intégralité de l'article en cliquant ici