Source [Marianne] : Un an après le début de la guerre russo-ukrainienne, il convient de rappeler que la vision manichéenne ultra-répandue, où les États-Unis sont les sauveurs et la Russie, le méchant loup, est illusoire. Car même si nous préférons l’impérialisme américain à celui russe, ce n'est pas une raison pour se soumettre au premier. L'édito de Natacha Polony.
Là-bas, un an de massacres et d’horreur. Ici, un an d’exaltation facile et de manichéisme crasse. Un an à répéter les pires erreurs d’un Occident tellement sûr de sa supériorité morale, tellement enivré de son récit. Un an à laisser tribune libre aux représentants les plus forcenés du néoconservatisme, ce courant de pensée qui, des États-Unis à l’Europe, a pour bilan, au nom du « choc des civilisations », les centaines de milliers de morts en Irak, le chaos, les tortures et les marchés aux esclaves en Libye. Mesure-t-on, depuis un an, la régression du débat démocratique et de l’esprit critique quand le président Macron lui-même est régulièrement rappelé à l’ordre par les zélés atlantistes qui ne voient vraiment pas pourquoi on ne livre pas immédiatement des avions de chasse à l’Ukraine et qui considèrent comme poutiniste quiconque leur rappelle que les Américains eux-mêmes cherchent à éviter l’escalade et la guerre généralisée ? Qu’il est doux de se prendre pour André Malraux ou Jean Moulin ! Qu’il est confortable de voir le monde en noir et blanc !
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