Il suffit de lire et de retenir. Mais, il n’y a qu’à observer du coin de l’œil les gens dans le métro pour se dire qu’il reste du pain sur la planche… Après tout, survoler les ‘‘gratuits’’ au lieu de tapoter névrotiquement son smartphone est sans doute un moindre mal. Mais que de temps perdu. Sans compter que sur la Toile, ça n’imprime pas. L’expression doit être prise dans ses deux sens, propre et figuré : ce qui est plus aperçu que lu glisse sur les neurones, nous ne sommes pas informés (comme la matière travaillée par un sculpteur).
Pourtant, tout est dit, et bien dit, et même bien écrit en permanence. Il suffit pas même de chercher, mais d’être aux aguets. Tenez, l’attribution du prix Nobel de la Paix à l’Union européenne (UE) tiendra presque du gag dans moins de cinquante ans. En 1973, à l’inverse de Henry Kissinger (qui aurait dû agir pareillement), Lê Duc Tho, que la mauvaise conscience taraudait, avait refusé le sien au motif sous-jacent que le diplomate nord-vietnamien savait que le Annam s’apprêtait à envahir la Cochinchine. Le personnel gouvernant de l’UE compte malgré tout quelques personnalités valables, comme Hermann Van Rompoy, grand connaisseur de Thomas d’Aquin. Mais le Docteur angélique, lui, comprenait que la paix véritable ne ressortissait pas seulement du silence (provisoire) des armes. Au reste, nos lecteurs, ainsi que ceux du mensuel BRN (Bastille-République-Nation) savent ce qu’il faut en penser. Cet organe dirigé par Pierre Lévy, un ancien journaliste à L’Humanité, et qui ne passe pas pour tomber à mains jointes dans le premier bénitier qui passe, faisait il y a peu souvenir d’un ouvrage de Bernard Peloille [1] publié il y a cinq ans par François-Xavier de Guibert, lequel est devenu prêtre du diocèse de Dijon. Où va se nicher la vérité… ! Il y était démontré que l’entreprise d’intégration européenne est une constante remontant aux prémisses du Saint Empire romain germanique. Elle consiste selon nous à vouloir en permanence empêcher l’édification d’une « Pyramide des normes » stable, à la contrecarrer le cas échéant. Les féodalités, qu’elles soient extérieures ou intérieures, sont son premier lobby (groupe d’expression – à ce jour la majorité des grands médias - et de pression, souvent en espèces sonnantes et trébuchantes). Elle trouve ses aises par exemple à la fin de l’empire carolingien, sous la Fronde [2], laquelle, pour infirmer le diagnostic émis par l’historien Madelin, ne fut «très lointainement et très certainement» pas le précurseur de la Révolution française, et depuis 1950. Historiquement, et quels que soient les noms dont ils s’affublent au long des âges, les européistes sont de récurrents Seigneurs de la Guerre. Ce n’est pas pour rien que de Gaulle ne jurait que par les capétiens et qu’il voulait, d’une manière ou d’une autre, rétablir la lignée… Mais la prétention à ‘‘construire’’ l’Europe avec les matériaux artificiels utilisés par ses instances dirigeantes n’est tout simplement pas valide ni valable pour une raison qui tient en premier lieu à la logique juridique et qui se traduit par : principe d’imputation. Nous avons déjà cité dans ces pages le professeur de droit Michel Troper. Reportez-vous à ses ouvrages comme, jadis, répondaient parfois un peu hautainement les professeurs d’université répondant aux étudiants qui se risquaient à leur poser une question en fin de cours, et vous comprendrez que ça ne marche pas, puisqu’on ne tient pas compte que, de façon mathématique, l’autre nom du principe d’imputation (de norme supérieure à norme inférieure) n’est autre que : Souveraineté.
Entre Robert Schuman et Edmond Michelet, lequel des deux mériterait d’être béatifié. La cause du second paraît mal en point, beaucoup reprochant au père de l’auteur Des grives aux loups d’avoir, en tant que Garde des Sceaux, quelques gouttes de sang sur les mains pour avoir requis la peine de mort à l’époque que l’on sait. Quant au premier, eh bien… nous attendons un miracle. Alors chiche ! Que les adorateurs de notre sainte monnaie prient pour que le Serviteur de Dieu Schuman intercède efficacement en faveur de son sauvetage. Bienheuro Robert Schuman !
[1] cf. Bernard Peloille, Critique de la raison européenne – La matrice de l’Europe (t. 1), François-Xavier de Guibert, 2007.
[2] cf. Michel Pernot, La Fronde (1648-1653), Tallandier/Texto.
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Article verbeux. Ce n'est pas parce que l'Europe va mal qu'il faut lui porter le coup de pied de l'âne... L'attribution du prix Nobel de la Paix à l'UE n'est pas un gag mais une juste distinction qui n'a que le tort d'arriver avec 20 ans de retard. La façon dont M. de Champris croit pouvoir faire de l'humour (bien médiocre au demeurant) aux dépens de Robert Schuman et d'Edmond Michelet suffit à disqualifier sa prose. On attend de meilleures contributions de Liberté politique.