LREM aux Municipales : le défi d'un parti déraciné

Comment se présenter aux élections municipales quand on est un pari hors-sol, déconnecté des réalités locales, et des aspirations concrètes des citoyens ? La préparation des municipales pour 2020 pour LREM relève du véritable défi.

Le parti a mis en place une stratégie de débauchage afin de palier à son absence d'implantation locale.

Entretien avec Bruno Jeudy pour Atlantico :

Atlantico : En septembre dernier, LaREM envoyait à ses cadres sa stratégie concernant les scrutins de 2019 et 2020, prévoyant que les maires étiquetés LR ou PS qui souhaiteraient obtenir le soutien de LaREM pour les municipales devaient s'engager sur trois points (soutien ou silence aux européennes, absence de critique à l'égard du gouvernement, un engagement sur des valeurs). Eu égard aux difficultés d'implantation du parti dans les territoires, cette stratégie du "débauchage" est-elle la bonne pour LaREM ? 

Bruno Jeudy : Plutôt que la bonne stratégie, c’est sans doute la seule stratégie que la République en Marche pouvait jouer dix huits mois après sa création, parce que le parti, finalement, n’a pas véritablement réussi à s’implanter sur tout le territoire malgré la vague de victoires aux législatives et le gain de plus de 300 députés. On imagine aisément qu’ils vont passer des accords avec les quelques maires élus Modem qui existent sur le territoire avec quelques villes importantes qu’ils dirigent, comme Pau avec François Bayrou, Mont-de-Marsan et d’autres mais globalement, LaREM est plutôt démunie et sans réelles candidatures en dehors de quelques villes ou des élus ou des députés ont fait savoir qu’ils voulaient se lancer aux municipales, je pense à Perpignan ou bien sûr Paris. La meilleure stratégie pour eux est celle du débauchage, essayer de convaincre des maires socialistes ou LR sortants de passer une alliance avec LaREM, c’est à dire de mettre sur leurs listes des représentants du parti macroniste, ce sera évidemment le cas dans quelques cas, notamment pour les maires proches d’Agir, que cela soit Bordeaux, Reims, Angers, voir même Nancy. Mais il est vrai que tout cela ne fait pas une implantation globale sur tout le pays donc il va falloir pour eux accélérer la stratégie dite du débauchage notamment après les européennes, en fonction du résultat des listes PS et LR. Certains élus locaux vont peut-être s’interroger sur la bonne stratégie à suivre. Faut-il partir derrière le drapeau du parti ou faut-il le mettre dans la porche et essayer -ce qui sera sans doute le cas dans de nombreuses villes- de partir sur des listes apolitiques ou d’intérêt communal autour du sortant en mêlant, là des PS, des LaREM et des Modem, là des LR, des LaREM ou des Modem, sous réserve que ces maires aient respecté les engagements édictés par Christophe Castaner il y a quelques mois ; soutien ou silence aux européennes, absence de critiques à l’égard du gouvernement, et adhésion aux valeurs de LaREM. Mais tout cela risque tout de même d’être rebattu à la fois en fonction des résultats des européennes et surtout avec la sortie du grand débat national et comment l’opinion va réagir aux propositions du président de la République, qui est certes remonté dans les sondages mais reste quand même relativement bas. 

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