Poussée nationaliste : l’Allemagne dit « Raus » à la gauche immigrationniste et bruxelloise

Les élections locales dans deux Länder allemands de l’Est ont consacré de très bons scores pour les nationalistes de droite de l’Afd et ceux de gauche du BSW. À un an des élections législatives, l’un des deux plus importants pays de l’Union Européenne pourrait connaitre des mutations profondes.

Avec 32,8 % des voix, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est arrivée en tête en Thuringe dimanche, soit une progression de 9,4 points par rapport à 2019. En Saxe, le parti talonne de peu la droite des Chrétiens Démocrate (CDU) avec 30,6 % contre 31,9 %.
À ces bons résultats de ceux que l’on qualifierait aujourd’hui de « souverainistes », de « patriotes » ou même de nationalistes, s’ajoutent ceux de l’Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice (BSW). Ce parti de gauche qui partage avec l’Afd le rejet de l’immigration, de l’Union Européenne et la volonté de ne plus soutenir Kiev contre Moscou, est né en janvier 2024. Il recueille 11,8 % des voix en Saxe et 15,8 % en Thuringe.
Bout à bout, ces nationalistes de deux rives sont proches de constituer une majorité. S’ils ne gouverneront pas ensemble, un rapprochement ne demeure pas complètement invraisemblable, l’égérie de la gauche Sahra Wagenknecht ayant affirmé qu’elle n’écartait pas une coopération au cas par cas.
 
La coalition de centre gauche pas à la fête
 
Ces bons scores des souverainistes se sont fait au détriment des partis de la coalition tricolore à la tête du pays et composée des sociaux-démocrates du SPD, des écologistes et des libéraux. Ces derniers ne siègeront plus dans les deux Landers de l’Est quand les écologistes n’ont pu se maintenir qu’en Saxe ! Le SPD, les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, dévissent aussi avec des scores évalués entre 6 et 8 %.
Enfin Die Like, sorte de gauche insoumise teutonne essuie les plâtres. En Saxe, elle ne dépasse pas la barre des 5 % et se retrouve éliminée du parlement régional quand, en Thuringe (région qu’elle dirigeait), elle s’effondre à 13,1 %, contre 31,02 % cinq ans plus tôt.
 
Élément important : en Thuringe la participation a augmenté de 10 % par rapport à 2019 ; le niveau en Thuringe n’était pas encore connu lundi soir.
Les partis dits de « gouvernement » ayant reproduit le « barrage républicain » constaté chez nous, l’Afd ne gouvernera pas dans ces régions mais sera incontournable. Un prochain scrutin aura lieu le 22 septembre, également en ex-RDA, dans le Land de Brandebourg. Il confirmera ou non la tendance qui semble prendre forme.
Dans un an, le 28 septembre 2025, les Allemands seront appelés aux urnes pour les élections législatives et pourraient mettre fin à une parenthèse de gauche qui a démarré en décembre 2021. En effet, parallèlement aux bons scores de l’Afd et du BSW, la CDU, la droite allemande l’a emporté en Saxe et est arrivée en deuxième position en Thuringe.
 
L’immigration très majoritairement rejetée, une politique internationale délicate
 
La CDU a mené une campagne résolument hostile à l’immigration. Ce qui porte le poids des électeurs anti-immigration à 70 % dans un Land comme la Thuringe.
La question migratoire semble être désormais tranchée par une majorité de l’opinion en Allemagne. En revanche, en matière de relations internationales, les partis sont divisés. Ainsi l’Afd comme le BSW sont favorables à une paix rapide en Ukraine et l’arrêt du soutien à Kiev. Une position singulière alors que l’immense majorité des appareils de partis d’obédience souverainiste en Europe ont tourné le dos à Moscou. Il faut dire que l’Allemagne paye très cher le coût de la guerre, étant très dépendante énergétiquement de Moscou. Si la CDU a musclé son discours sur l’immigration après des années de laxisme de sa chancelière Merkel, le parti ne devrait pas mollir sur la question ukrainienne qui demeure un prérequis pour intégrer les arcanes du pouvoir bruxellois.
 
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique