Lieu privilégié d'un échange collégial sous le regard du Pape, le synode qui vient de s'ouvrir à Rome traite d'un sujet capital et vital pour l'Eglise. L'eucharistie est le cœur même de la vie ecclésiale, elle constitue le "secret" - c'est-à-dire ce qui ne se communique que sur un certain mode hors duquel la réalité mystérieuse ne serait plus reçue - de l'admirable échange entre Dieu et les hommes.
Sommet et source de la vie de l'Eglise, selon l'expression de Vatican II, elle établit le mystère pascal au cœur du monde pour transformer les hommes et les faire entrer dans la communion trinitaire.
Ce n'est donc pas pour rien que le concile avait placé en tête de ses travaux la question liturgique. Sans eucharistie, le christianisme ne serait que parole sonore, exposition idéologique. Seule l'action transformatrice divine, celle qui s'est opérée avec le divin sacrifice témoigne adéquatement de la présence de Dieu qui change le cœur de l'humanité et fait toutes choses nouvelles.
Si Jean-Paul II avait conçu cette année 2005 sous le signe eucharistique, c'est à cause d'un souci pastoral évident. La déchristianisation de l'Europe s'est manifestée principalement ces dernières années par une désertion massive de la messe dominicale. Le glissement progressif des populations d'origine chrétienne vers l'indifférence religieuse et l'alignement des mentalités et des mœurs sur les modes d'une civilisation néo-païenne, évidée de sens, est en raison même de l'abandon par les familles de cette référence centrale, de ce repère autour duquel se constituaient l'organisation de la semaine, l'éducation des enfants, l'amour conjugal... Il ne faut pas aller chercher ailleurs les causes de la baisse des vocations, de la disparition des communautés religieuses, du découragement des prêtres, des difficultés de la presse catholique... Sans vie sacramentelle, le peuple chrétien s'étiole, se trouve dans l'incapacité d'attester sa foi et son espérance, ne se ressourçant plus à la charité du Dieu vivant.
C'est pourquoi il importe plus que jamais de ne pas se tromper de priorités.
Seul l'amour de l'eucharistie éveillera des vocations sacerdotales dans des paroisses ferventes. L'expérience des communautés nouvelles est là pour nous en persuader. Ce n'est pas pour rien que ces communautés se sont constituées autour de l'Eucharistie, en réhabilitant l'adoration du Saint-Sacrement qui avait été si massivement abandonnée dans les pays d'Occident. Et c'est un signe qui ne trompe pas que la veillée des J.M.J. de Cologne se soit conclue par cette même adoration eucharistique.
De Jean-Paul II à Benoît XVI, la connivence est totale, comme elle l'est, d'évidence, entre les représentants de l'épiscopat mondial réunis à Rome. C'est une authentique révolution qui doit se produire dans les esprits et dans nos pays avec, notamment, le retour massif à la messe dominicale qui se produira avec l'éveil d'un désir profond, une faim inextinguible qui est la manifestation sensible et directe de notre capacité de Dieu.
*Editorial à paraître dans le prochain n° de France catholique
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