À l'heure où Bruxelles, après Vienne, Paris et Lisbonne, expérimente aussi sa semaine d'Evangélisation, les évêques de France se préparent à leur rencontre annuelle de Lourdes, que l'on suivra cette année avec une particulière attention.
Les objectifs de cette assemblée ne diffèrent guère de la mission de ceux qui veulent ré-annoncer le Christ dans la capitale belge, compte tenu des données actuelles de notre civilisation en pleine interrogation sur elle-même, mal à l'aise dans le rapport à ses origines chrétiennes et tentée parfois par les sirènes du nihilisme.
En quelques années, la Belgique, dont le rôle en Europe est hautement symbolique, a assisté à une évolution vertigineuse de sa législation, comme si elle avait voulu rompre brutalement avec les normes structurantes qui protégeaient la vie, l'extrême faiblesse et l'alliance de l'homme et de la femme. La simple annonce de l'Évangile paraît souvent dans un contexte de dissolution sociale comme une intrusion redoutée par la conscience contemporaine, prompte à débusquer partout les menaces du fondamentalisme religieux.
Le pari d'une nouvelle étape ?
Les évêques français doivent aussi affronter les mêmes obstacles et répondre à quelques questions urgentes. Ainsi, en rouvrant le dossier de l'enseignement catholique, ils auront à envisager la possibilité d'une expression claire du message chrétien alors qu'un véritable carcan administratif s'oppose de plus en plus à ce que l'on appelle son caractère propre. Depuis des décennies, en dépit du sursaut des années quatre-vingt, quand la liberté scolaire fut en grand danger, une évolution continue a contribué à la disparition progressive des différences les plus significatives de l'école chrétienne, y compris l'afflux d'un personnel indifférent si ce n'est hostile à son identité.
À l'encontre des propos émollients et des intentions vagues, est-il possible, comme le demande l'archevêque d'Avignon, d'enrayer l'érosion de sens pour conduire un vrai sursaut ? Ce n'est d'évidence pas facile et les seules déclarations d'intention ne suffisent pas à contrer toutes les pesanteurs politiques, administratives et idéologiques.
Le cas de l'école n'est pas singulier. L'Église de France, lorsqu'elle envisage les différents aspects de sa mission, se trouve en butte à la réduction de ses effectifs, au manque de moyens et aussi à une pusillanimité qui paralyse souvent initiatives et projets. Pourtant, l'expérience du pontificat de Jean-Paul II est là pour démontrer que nulle fatalité ne s'oppose au renouveau et que lorsque la vigueur de la foi, le ressourcement aux énergies de la prière sont au rendez-vous, l'espérance renaît et la charité se redéploie en de multiples audaces.
On sait aussi que nos évêques devront reprendre la question du traditionalisme et de la liturgie à frais nouveaux. Le tout est de savoir si notre Église sera en mesure de les assumer en trouvant des solutions libératrices, plutôt qu'en prolongeant malentendus et querelles. Pourquoi ne pas parier pour une nouvelle étape, selon les vœux de notre pape Benoît XVI ?
* Éditorial à paraître dans le prochain n° de France catholique
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