Source [Le Figaro]
La réforme du lycée est entrée en vigueur ce lundi 2 septembre. Pour l’enseignante Barbara Lefebvre, les promesses d’amélioration des conditions de travail souvent difficiles des professeurs ne sont que des vœux pieux et - comme celles des quinquennats précédents - pourraient se révéler inefficaces.
C’est dans un contexte tendu que s’annonce cette rentrée que le ministre a tenté de déminer lors d’une conférence de presse le 28 août. L’heure est à la calinothérapie à l’égard des enseignants. Lorsque Jean-Michel Blanquer annonce 300 euros brut annuels d’augmentation salariale, soit 18 euros par mois environ, on se demande pourtant s’il s’agit d’une provocation ou d’une gaffe. Au regard du décalage salarial (sans parler de la reconnaissance sociale) entre les enseignants français et le reste de leurs collègues européens, cet «effort» ressemble à une aumône. Et d’autant plus que ce ministre sait que les conditions de travail et la perte de sens du métier sont davantage démobilisatrices pour les enseignants que le salaire.
Que signifie en outre la concession républicaine accordée par le ministre Blanquer avec l’affichage dans les classes du drapeau tricolore, la devise et les paroles de la Marseillaise (sans contrôle quant à l’effectivité de la mesure), quand par ailleurs la laïcité républicaine continue d’être bafouée par nombre d’élèves et de parents qu’on laisse participer à des activités scolaires en tenue religieuse ; quand l’enseignement de l’histoire nationale poursuit sa lente agonie?
Des logiciels envoient les données de violences quotidiennes en temps réel, mais cela ne sert qu’à produire de la statistique sans lendemain.
Dix mois après l’agression d’une enseignante dans un lycée de Créteil et le #pasdevague qui suivit, le ministre avançait la semaine dernière ses mesures contre les violences scolaires. Un connaisseur du terrain scolaire comprendra aisément que ses annonces n’apportent rien de nouveau, ni de décisif. Rien qui permette de penser qu’une nouvelle ère s’ouvre: celle où toutes les violences seraient traitées avec cette fermeté et cette intransigeance que trois décennies de laisser-faire pour acheter la paix scolaire, ont discréditées au nom de la «gestion au cas par cas» et de la victimisation sociale du bourreau.
Un «référent violence» dans chaque établissement...
Qu’a annoncé le ministre et en quoi s’agit-il d’une énième action de communication? Monsieur Blanquer promet des procédures des conseils de discipline simplifiées: pas un ministre qui ne l’ait promis avant lui! Mais les personnels et les élèves victimes d’agressions continueront certainement de se confronter à des chefs d’établissement ou des CPE préférant la «médiation positive» sur fond de «bienveillance». On continuera d’exclure quelques jours des élèves violents, harceleurs, qui reviendront inexorablement pourrir la vie de la classe, de l’établissement. Puis reviendra le énième «rappel au règlement intérieur» ou exclusion, aussi peu dissuasifs qu’un «rappel à la loi» dans le bureau du juge pour enfants. Pour ceux des personnels de direction qui ne reculent pas devant la sanction, ils sont eux-mêmes confrontés au réel qui dissuade de l’exclusion définitive: «on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne!».
L’exclusion d’un élève ouvre en effet la procédure administrative des vases communicants: l’inspection académique vous proposera bien vite d’accueillir «en échange» un exclu d’un établissement voisin. Nombre de chefs d’établissement se sentent presque punis par leur hiérarchie quand ils voient arriver le bambin du collège voisin! Et celui-ci, personne chez les enseignants ne connaîtra son pedigree, il vous arrive un matin en classe, sans cahier, l’air renfrogné et vous ne devez pas poser de questions… C’est ainsi que j’ai connu un élève qui avait l’habitude d’attaquer ses camarades à coups de compas et de pointes de ciseaux, mais notre administration s’était bien gardée de nous informer de ce fâcheux usage du matériel pour calmer ses nerfs.
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