Source [Le Salon Beige] : Arnaud Beltrame est mort il y a cinq ans, à Trèbes, face à un terroriste islamiste, en échangeant sa vie avec celle d’une caissière. Celle-ci s’est confiée au Figaro. Extrait :
[…] Au lendemain de l’attentat, Julie demande à voir le corps d’Arnaud Beltrame. Elle découvre un visage « marqué par les luttes qu’il a menées pour rester en vie». Julie pose sa main sur sa poitrine et fait une promesse.
« Dans mes tripes, je sens une rage qui me tenaille, la colère d’avoir perdu une vie si précieuse pour l’humanité, d’avoir perdu un homme si honorable. Je lui dis que j’essayerai de me montrer digne de la vie qu’il a protégée en risquant la sienne ».
Quelques jours plus tard, Julie reçoit une lettre de Marielle Beltrame, l’épouse d’Arnaud Beltrame. « Marielle…», soupire-t-elle aujourd’hui, triturant avec agitation sa médaille miraculeuse. Son visage se crispe, sa bouche se tord. La douleur est là, intacte. « Marielle est une femme pour laquelle j’ai beaucoup de respect. Je n’ose même pas imaginer ce qu’elle ressent…Nous avons un lien… particulier», poursuit-elle, tentant de reprendre ses esprits.
« Dans sa lettre, elle me disait que je ne devais pas me sentir coupable. Que c’était le métier d’Arnaud de faire face à ce type de risques. Qu’il avait toujours été très attaché à la notion du devoir».
Durant un an, Julie n’a pas su comment répondre à cette lettre.
Les mois qui suivirent l’attentat, Julie fut sur le qui-vive. En état d’alerte permanent. Elle élabore des stratégies pour éviter d’être de nouveau la cible d’un terroriste. Elle porte des habits passe-partout. Des chaussures qui accrochent bien le sol. Elle préfère les marchés et les magasins bio aux grandes surfaces.
Julie n’est plus vraiment Julie. Elle est désormais « la caissière de Trèbes». Ou « l’otage du Super U », c’est selon. Enfermée dans ce statut, condamnée à vivre avec cette étiquette qui lui colle à la peau et qu’elle aimerait bien arracher. « Parfois j’ai l’impression qu’on me pointe du doigt et qu’on me dit : “oh, regarde, un otage!” », dit-elle mimant un enfant qui pointerait du doigt un singe dans un zoo.
Mais dans ce quotidien rempli de peurs et d’angoisses, une lumière apparaît. Celle de la foi. Avant, Julie était « une athée dure-dure», assure-t-elle, le sourire aux lèvres. « Dieu est arrivé dans ma vie comme les cailloux du petit Poucet, de manière discrète», rapporte-t-elle, lumineuse tout à coup. Des amis qui se convertissent, une médaille miraculeuse de la rue du Bac qu’on lui offre, une rencontre avec un prêtre, une messe à l’abbaye Sainte-Marie de Lagrasse…
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