Source [Le Figaro] Alors qu’une pétition avait recueilli 12.000 signatures pour réclamer le maintien du sapin de Noël place Pey Berlan pour les fêtes de fin d’année, le maire de Bordeaux refuse la consultation citoyenne. Plutôt que de se confronter au débat d’idées, il préfère coller l’étiquette de «facho» à ses adversaires, analyse David Desgouilles.
FIGAROVOX.- Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic a annoncé qu’il ne souhaitait pas demander l’avis des Bordelais, refusant de lancer une consultation sur la question de l’installation d’un sapin de Noël sur la place Pey Berlan au moment des fêtes de fin d’année. Et l’élu écologiste d’ajouter «l’opinion des fachos je m’assieds dessus». Quel est le sens de ce mot utilisé aujourd’hui à tort ou à travers? Doit-on comprendre qu’être attaché aux traditions c’est être «facho»?
Pierre Hurmic relevait que la pétition de 12.000 personnes pour l’installation d’un sapin de Noël sur ladite place bordelaise rassemblait des signatures venant de toute la France. Et il fustigeait en effet «la fachosphère» qui s’était mobilisée à l’occasion, citant cette phrase: «Autant l’opinion des Bordelais m’intéresse beaucoup, autant l’opinion des fachos de Lille, de Strasbourg et de Marseille, je m’assieds dessus».
Deux problèmes se posent donc ici.
Celui que vous relevez à juste titre: refuser son discours sur «l’installation d’un arbre mort» sur la place Pey Berland ne serait l’apanage que de «fachos», alors qu’il a choqué, surpris, consterné y compris jusque parmi les écologistes et des personnalités de gauche. Il lance cette accusation parce que ses adversaires invoquent des «traditions». À ce compte-là, il y a en effet beaucoup de «fachos» en France, dans le présent comme dans le passé. Souvenons-nous du mot de Charles Péguy: «Seule la tradition est révolutionnaire».
Le second problème, c’est la contradiction qui suit. M. Hurmic dit que seule l’opinion des Bordelais l’intéresse beaucoup mais il refuse la consultation citoyenne. S’il pense être soutenu par ses administrés dont il exhibe l’intérêt pour leur opinion, pourquoi s’y refuse-t-il? «La trouille, peut-être», lui répondrait un personnage d’un célèbre film tourné à Val d’Isère.
Est-ce que l’élu d’une ville aussi prestigieuse que Bordeaux peut se permettre de communiquer ainsi?
Aucun édile ne devrait parler de ses concitoyens ainsi, qu’il dirige Bordeaux ou Mérona, commune d’une dizaine d’âmes dans le Jura. Ce mot traduit certes une mauvaise humeur causée par le sentiment du maire de Bordeaux d’être dans la lessiveuse depuis qu’il a lui-même lancé la polémique sur «l’arbre mort». Mais il traduit aussi un certain état d’esprit ancré dans ce qu’on appelle «la gauche culturelle»: la certitude d’être doté, grâce à ses opinions qu’on juge soi-même «progressistes», d’une certaine supériorité morale.
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