Nos coups de coeur
A l’heure où la majorité LREM se réduit comme peau de chagrin, l’itinéraire d’Agnès Thill la fait assurément apparaître comme un symbole : elle a expérimenté avec force et plus que tout autre l’imposture macronienne, avec une violence inouïe qui ne peut pas étonner de la part du parti du président, mais qui stupéfie tout de même quand on la lit exprimée noir sur blanc, photos à l’appui, dans le témoignage que la députée désormais indépendante vient de publier.
Agnès Thill est un pur produit de ce que La République En Marche nous a vendu de meilleur : le renouvellement de la classe politique, l’enthousiasme de faire de la politique autrement, l’espérance, en votant pour ce jeune candidat, que les choses allaient peut-être, enfin, changer.
Après être passée par le Parti socialiste, Agnès Thill aurait dû être un peu au fait des splendeurs et misères de la vie politicienne de gauche et du centre… elle a gardé longtemps sa candeur, pourrait-on dire sa naïveté, et c’est ce qui a fait sa force. Ingénue, elle a fait confiance au mythe macronien : plus dure a été la chute.
Car Agnès Thill, bien issue d’un milieu très modeste, bien qu’ayant été formée par l’Education nationale, bien que passée par la franc-maçonnerie, a ancrés au fond d’elle quelques principes « non-négociables », dont celui-ci, fondamental entre tous : il faut un papa et une maman pour faire un enfant. Cette conviction profonde et pourtant élémentaire, chez elle répétée et assumée publiquement, va avoir pour conséquence de la faire mettre au ban de son parti, de la faire exclure, mépriser, insulter. Plus qu’une divergence idéologique, Agnès Thill va expérimenter en fait une facture anthropologique majeure avec ses collègues LREM. Elle dévoile sans fards et preuve à l’appui ce que nous savions bien, quand nous tâchions, en 2017, d’alerter sur les dangers de la candidature Macron : il représente un mouvement profondément mortifère, désincarné, haineux de la France, méprisant de la dignité humaine, et, n’ayons pas peur de le dire, anti-catholique, avec des certitudes partagées par un petit cercle de privilégiés biberonnés au mondialisme et dédaigneux du bon peuple de France.
Il est évidemment redoutablement efficace de le lire sous la plume de quelqu’un qui « y a cru », qui a « joué le jeu », et n’est donc pas susceptible de mauvaise foi. Agnès Thill n’est pas venue d’un milieu ostracisé de droite conservatrice, et cela ne l’a pas empêché d’expérimenter une intolérance rare de la part des professionnels du progrès et de la tolérance. Malmenée par cette expérience qui a dû être très douloureuse, elle a tenu bon, avec une force intérieure qui inspire le respect. Bienvenue, Agnès, dans le monde de la dissidence. Tirera-t-elle politiquement toutes les conclusions qui s’imposent ? Il lui reste encore certainement quelques contradictions à lever définitivement, mais en refermant son ouvrage, nous aimerions pouvoir nous dire qu’il est possible de compter sur davantage de personnalités politiques qui sachent ainsi allier droiture et endurance.