Un professeur irlandais d’une école chrétienne, Enoch Burke, a été interdit d’enseignement et parce qu’il refusait le principe de reconnaître la « transition de genre » d’un élève en l’appelant de son nouveau prénom. N’acceptant pas de quitter l’école, comme il lui a été enjoint, il a été emprisonné sur l’ordre d’un tribunal. Il partage la cellule d’un gangster connu.
Voilà où en est l’Irlande, la vieille Irlande, celtique, traditionnelle et catholique.
La volonté de ce pays de rentrer dans le rang le conduit à soumettre prochainement à référendum une révision de la constitution laquelle disait, de manière il est vrai un peu datée, que le devoir principal le la femme était de tenir son foyer. Qu’importe, les femmes irlandaises travaillent à l’extérieur dans leur majorité et ça ne changera donc rien, mais l’Irlande veut résolument tourner le dos à son passé.
Quoi que nous pensions des questions sociétales en cause , nous aimions l’Irlande quand elle résistait à l’entrainement général , en particulier sur l’avortement. Mais le 25 mai 2018, le pays, soumis à une pression internationale considérable a voté à 66 % l’amendement constitutionnel qui abroge son interdiction .
Peu importe le fond, nous aimions, nous Français, cette Irlande résistante. Nous y voyions l’héritière, à l’ombre d’une l’Eglise catholique encore solide, celle qu’avait fondée saint Patrick au Ve siècle, de siècles de résistance à l’emprise anglaise, une emprise qui s’était même traduite sous Cromwell par une tentative de génocide, puis au XIXe et au début du XXe siècle par les combats politiques et militaires qui ont conduit à l’indépendance en 1922, suivie de la transformation du pays en république en 1949.
Louis XIV avait tenté d’aider les catholiques anglais en révolte . Il fut défait à la bataille de la Boyne , le 11 juillet 1690. Beaucoup d’insurgés trouvèrent refuge en France. Qui le sait ? Cette défaite des catholiques fut célébrée à Rome par un Te Deum car les Etats du pape faisaient partie de la coalition antifrançaise. Politique d’abord. D’une certaine manière, les batailles sociétales des années récentes prolongeaient cette résistance. Après tout, c’est du monde protestant anglo-saxon que sont partis les bouleversements des mœurs des dernières décennies et sous l’effet de sa propagande qu’ils se sont répandus.
Les Polonais auxquels on compare souvent les Irlandais résistent mieux ; ils ont été, il est vrai, vaccinés contre les différentes formes de de « progressisme » par 45 ans de communisme.
Les Irlandais peuvent être satisfaits : ils sont à présent des Anglo-Saxons comme les autres, fondus dans la grisaille libérale-libertaire commune.
Leur pays est-il l’ élève modèle de l’Europe ( à l’opposé de la turbulente Angleterre) ou le 51e Etat des Etats-Unis ? Qu’importe, cela revient en définitive au même.
Un Irlandais réputé catholique, mort en 2018, Peter Sutherland, a été un des homes les plus puissants de la planète : commissaire européen, secrétaire général des Nations-Unies, président de l’OMC, président de Goldman Sachs, de la Royal Dutch Shell, membre du Bilderberg et de la Trilatérale et pour finir conseiller du pape François en matière de migrations. Apôtre des migrations sans restriction, de l‘ouverture totale des frontières, en vue de la destruction des identités nationales pour faire palace à l’Etat mondial. Voilà un Irlandais d’aujourd’hui.
Beaucoup de Français qui ont admiré l’Irlande de toujours ont cessé de s’intéresser à elle. Elle est de moins en moins catholique, elle n’est plus l’immense pépinière d’écrivains qu’elle fut depuis Swift, de Wilde à Joyce, de Yeats à Shaw . Quelque part, cette fécondité était liée à la résistance. Beaucoup de ces écrivains avaient beau prendre leurs distances par rapport au catholicisme, nombreux étaient ceux qui comme Joyce avaient étudié chez les jésuites. Tous se voulaient farouchement irlandais.
« Si le sel perd sa saveur , il ne sert plus à rien ». (Mt 5, 16). On ne peut pas être woke et être quelque chose.
Qui nous rendra l’Irlande que tant de Français ont aimée ?
Roland HUREAUX