« Il nous reste les valeurs spirituelles françaises comme une poignée de cendres dans la main. En soufflant dessus, on fera peut-être rougir une braise encore chaude, et si petite que soit la flamme, pourquoi n’embraserait-elle pas de nouveau la terre ».
Georges Bernanos (Lettre à Virgilio de Mello Franco, 22 décembre 1940)
« La crise de notre civilisation est institutionnelle, économique, sécuritaire, financière, environnementale, anthropologique, spirituelle, climatique…industrielle, agricole »…
Ce sont tous ces bavardages autosuffisants des imbéciles illimités que relayent nos ploutocrates, nos bouffons zélés des médias, nos pieds-nickelés des radios ou chaines publiques, les « meilleures agences de propagandes de la décomposition » -pour citer Muray- que sont le Monde, Libération, Médiapart, la Croix, France inter, France info, France télévision, etc. et qui tendent le crachoir à nos zélites, toute la bobosphère et la bolchosphère pour occulter la véritable crise : le déclin de l’autorité ? L’abolition de l’autorité ? La faillite de l’autorité.
« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie » professait Platon.
Nous lisons aussi dans le Journal d’André Gide, rédigé pendant la dernière guerre : « Jardins publics au pillage. Les enfants piétinent les gazons, assent les branches, dépouillent de leurs boutons les buissons à fleurs et pas un parent pour arrêter cet absurde saccage. Il s’agit seulement de détruire et que ce qui devrait être à tous ne soit plus à personne ».
La fraction de la jeunesse que nous avons en vue n’agit pas autrement. Elle est tombée dans la négation pure, dans la révolution pour la révolution, la destruction pour la destruction. Elle ne revendique plus l’absurde comme ses aînés de 68 ; elle brûle, casse, pille, viole et tue pour brûler, casser, piller, violer et tuer. Elle est toute à l’ivresse des premiers jours révolutionnaires de 1789 où la volupté destructrice et sanguinaire l’emporte sur toutes les autres considérations. La condamnation est un titre de gloire. La prison, une consécration. Un parti-pris de violence assure leur victoire. La confusion des langues morales règne dans une tour de Babel souterraine. Au commencement était le chaos : à la fin aussi.
Les petits enfants ne respectent pas les grands parents, les enfants font de même avec leurs parents, les élèves méprisent et agressent leurs maitres (professeurs pour l’EN), certains les tuent, certains les condamnent à mort sur les réseaux dits sociaux sans que leur légitime autorité pourtant bafouée, et ce de notoriété publique, n’obtienne le soutien de leur hiérarchie ;ils essuient même parfois des reproches ,des avoinées hiérarchiques, des chantages au silence de leur recteur ou directeur académique , ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, leur révolte pour « hurler le soir au fond des collèges » et leurs larmes comme uniques armes contre le silence sépulcral de l’institution ; et sur le même registre, les gendarmes et les policiers, les pompiers et les médecins souffrent de jets de pierres, de cocktails molotov, de tirs d’armes de guerre dans ces quartiers où les français distribuent le plus de leurs économies, voire de leurs dettes, sans qu’on leur demande si cela leur sied et où la crapule jeunesse gouverne et terrorise. (Un couplet sur l’Université et la dictature groupusculaire du wokisme et des antifas ferait l’objet d’un autre décryptage).
L’autorité comme réalité commença à être réfléchie par les nobles, qui voulaient détruire l’ancien Régime, profitant d’un moment de faiblesse dans l’Eglise et ensuite elle fut attaquée par la bourgeoisie- dite intellectuelle ou des lumières- paria enamourée des révolutions que les oligarques planifiaient. Et ceux-là défendent comme une œuvre religieuse les ruines du présent qu’ils passent leur temps à panthéoniser et commémorer.
Nous n’allons pas dire que le jeu ne leur fut pas favorable à ces faux amants de l’insurrection, mais que l’Eglise, pierre angulaire de l’ancien Régime, tomba dans ce même piège, des années après, une fois inoculées les stupides consignes antiautoritaires.
Attaquer puis déboulonner comme nos statues le concept d’autorité participait d’un processus d’a-civilisation dans lequel des vacuités comme égalité, progrès ou démocratie se sont assumées de manière ridiculement naïve avec la complicité même de l’Eglise, c’était oublier que cette autorité était le ciment même de quelque chose d’infiniment plus sublime par nature qui est l’enseignement de l’Ecriture Sainte : le Verbe s’est fait chair.
Ramiro de Maeztu, (Critique littéraire, Essayiste, diplomate, homme politique et poète de la Generacion del 98 fut fusillé par les Républicains en 1936 pendant la Guerre d’Espagne), face à la devise de la Révolution française Liberté, Égalité, Fraternité, lui préférait sans sourcilier trois mots : « Hiérarchie, service et communauté ». Sans hiérarchie, il n’y a pas d’autorité ni d’ordre fiable ; sans ordre il n’y a pas de communauté juste une pure et dure coexistence ; et sans communauté il n’y a pas de civilisation parce qu’alors il manquerait aux hommes les références pour se distinguer du reste des espèces de manière que l’autorité – si rien n’y porte remède- sera substituée par l’instauration de ceux qui peuvent s’imposer par la force et la violence comme il se fait dans le règne animal et sauvage. La puissance se substitue à la hiérarchie et le pouvoir joue le rôle d’autorité.
Pour le théologien jésuite Joseph Stierli, la raison et la foi révélaient chez le véritable Dieu son infinie puissance, son infinie sainteté et son infinie justice., Sa puissance engendra l’autorité, sa sainteté annonça la communauté, et sa justice mit à notre portée le service au prochain. Pas besoin de beaucoup d’élucubrations pour comprendre que, pour saper l’autorité il faut abattre d’abord les institutions qui établissent la hiérarchie. Que l’Eglise ait vue s’effondrer sa hiérarchie et se soit détournée d’une jeunesse enthousiaste, avide de vérité qui chaque année gonfle un peu plus les routes de pèlerinage ,de plus en plus sensible à la belle liturgie, celle qui est empreinte du sens du sens du sacré et du mystère , est d’une irresponsabilité impondérable et fait le lit de tous ses ennemis qui la traquent et sont à l’affut de ses reniements pour s’en féliciter et les applaudir ; qu’elle ait renoncé à son autorité se planquant derrière le parapet de l’aconfessionalité de l’Etat, ce n’est plus acceptable.
Il suffit pourtant de rappeler le dernier renoncement ou reniement que fut le silence assourdissant du pape Bergoglio lors du référendum sur l’avortement en Irlande, et qui meurtrit si profondément le Cardinal Burke. Il suffit de rappeler le peu de crédit que le président de la République Française fit des mises en garde de son ami le même pape Bergoglio concernant la constitutionalisation de l’avortement célébrée en grande pompe à Versailles après la couarde déferlante du vote sénatorial. Le communiqué de la CEF, formulé sans passion, ne fut pas vraiment un appel à soulever une armée, et n’exprimait qu’une tristesse générique qui n’engageait à rien.
Une tristesse qui n’aura pas ému ce président d’une France, fille aînée de l’Eglise qui ne se souvient plus de son baptême depuis des lustres et qui s’enorgueillit de souhaiter aux musulmans, en échange de leur bulletin de vote et d’une fausse paix civile, un bon Ramadan.
Et, comme s’il n’était pas suffisant d’avoir inscrit dans la constitution française le droit de tuer des enfants avant naître, Macron a exprimé la volonté d’inscrire ce même droit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Face à cette authentique perte de repère qui provoque des dérives inquiétantes, les 24 évêques de la COMECE ne savent rien faire d’autre que de réaffirmer le bien-fondé du projet européen, en rappelant que les hommes politiques catholiques en ont été à l’origine, inviter les citoyens à participer aux élections et à « voter pour les personnes et les partis qui soutiennent clairement le projet européen et dont nous pensons raisonnablement qu’ils vont promouvoir nos valeurs et notre idée de l’Europe, telles que le respect et la promotion de la dignité de chaque personne humaine, la solidarité, l’égalité, la famille et le caractère sacré de la vie, la démocratie, la liberté, la subsidiarité, la sauvegarde de notre maison commune » . » En pratique, de l’eau de rose, avec de nombreuses concessions aux lieux communs inventés par la pensée unique et dominante (en oubliant bien entendu de dire que la Foi, l’Espérance et la Charité n’ont rien à voir avec le droitsdelhomisme) : l’accusation de « populisme », l’éloge des « leaders populaires », la focalisation sur l’utilisation des réseaux sociaux – un sujet qu’il ne coûte rien d’aborder et qui justifie avec l’oisiveté - selon Macron et Attal - la racine de l’ensauvagement d’une certaine jeunesse -, l’Union européenne présentée comme une « communauté », le bien commun réduit à l’ écologique, l’action pour le climat, les jérémiades sur la baisse du taux de participation. Et à la fin, bien sûr, en bons « préfets violets », les indications pratiques sur comment voter et surtout pour qui ne pas voter.
Ce n’est pas en aboyant avec la meute globaliste, franc- maçonne et les armées d’ONG qui participent tous à un programme diabolique d’abolition de l’homme et de la civilisation occidentale et en utilisant scandaleusement partie du « denier de l’église » pour financer le Think Tank « Destin commun », que l’Eglise assied son autorité universelle et rappelle sa mission d’annoncer à « temps et à contre-temps Jésus-Christ ». Ah Messieurs de la COMECE, souvenez-vous de ce que Mauriac écrivait dans sa Vie de Jésus « Il est embusqué au tournant du chemin qui va de Jérusalem à Damas et il épie Saül, son persécuteur bien-aimé. Désormais, dans le destin de tout homme, il y aura ce Dieu à l’affût ».
L’Eglise ne dit plus qui est Le Modèle Unique, et nos modernes pedabobos, merdagogues, pardon, pédagogues, ont imposé la figure du maître sans autorité. Je connais des « maîtres » qui haussent les épaules quand on fait allusion devant eux au problème de l’autorité. A leurs yeux, il est déjà résolu. L’autorité est morte et il fallait qu’elle le fût. Les excès de l’enfance et de l’« adolescence » en apportent la démonstration. Les temps sont arrivés où les familles impuissantes résigneront leur responsabilité première entre les mains de l’Etat. L’homme sera nu devant l’Etat. Une autorité suprême, anonyme, incapable, règlera le sort des troupeaux humains innombrables dont le sort sera distribué par les machines électroniques et l’IA. La nécessité fera la Loi. L’homme baissera la tête sous le couteau de la Loi. Il n’y a de sagesse que décapitée. La dictature n’a qu’une tête. Ces maîtres ont oublié ou n’y ont jamais pensé ou ne s’en sont jamais conscientisés qu’on « ne peut éduquer sans en même temps enseigner ; et l’éducation sans enseignement est vide et dégénère donc aisément en une rhétorique émotionnelle et morale ». Ce n’est pas avec une Nicole Belloubet à la tête ou aux pieds d’un ministère de la déséducation nationale que les choses changeront.
Ces maîtres ont commencé par déprécier et connoter péjorativement le concept « d’autorité ». Notre époque a réussi à modeler les consciences en imposant qu’il fallait réfuter ou néantiser la réalité ; et l’un de ces mirages – sans doute le plus efficace- consiste à nier la signification originelle des mots, les substituant par un conglomérat de feuilles mortes idéologiques.
Ainsi en va-t-il d’une personne investie d’autorité dont on ne dit plus qu’elle est « autorisée » mais « autoritaire », ce qui revient à dire qu’elle est imposante, despotique, voire arbitraire dans l’exercice de son autorité. Quiconque ose revendiquer aujourd’hui l’authentique « autorité » du maître se transforme automatiquement en suspect de professer des nostalgies réactionnaires, fascisantes…d’extrême droaâââte !!!!
Auctoritas, en latin, est un mot dérivé du supin du verbe augere, qui signifie « ajouter », « faire croître ». Une personne dotée d’« autorité » est une personne autorisée – celle qui nous fait grandir, qui est capable de nous révéler la réalité, élargissant notre expérience vitale et les limites de notre connaissance.
Il n’existe pas d’éducation possible sans expérience d’autorité. Et l’éducation « est le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité et, de plus, le sauver de cette ruine qui serait inévitable sans ce renouvellement et sans cette arrivée de jeunes et de nouveaux venus. » Annah Arendt, La crise de l’éducation. Les technocrates qui nous musellent s’étonnent alors qu’ils l’ont programmée que l’Occident a une véritable crise de la natalité ; mais ces mêmes faux-culs s’arrangent pour criminaliser ceux qui n’ont de cesse de dire avec bon sens que par la naissance nous sommes tous entrés dans le monde, et que ce monde est constamment renouvelé par la natalité.
Le maître éveille chez le disciple un stimulus qui l’aide à grandir, provoque en lui une conscience de ses limites et le houspille, le motive dans sa recherche de la connaissance. Évidemment, pour que ce stimulus se produise, le maître doit être cette personne qui provoque chez le disciple admiration et respect, une personne que le disciple reconnaisse comme digne d’émulation. « Que voulez-vous que je lui apprenne, disait Diderot d’un de ses élèves, il ne m’aime pas. »
Il n’existe pas de vocation plus édifiante que celle du maître. Et cependant, il est fréquent de trouver chez les maîtres de nombreuses personnes, déprimées, désillusionnées, anéanties, consumées par le sentiment de vacuité ou de stérilité. Les maîtres ont été dépossédés de leur autorité ce qui revient à dire qu’ils furent dépossédés de leur mission, puisque l’autorité est l’apport proprement humain du processus éducatif. Il ne peut y avoir de transmission de la connaissance si l’autorité de celui qui la transmet n’est pas reconnue.
Mais notre époque prétend que l’élève peut être maître de soi-même, qu’il peut juger que la réalité est conforme à ses propres impressions, - qu’il peut se faire une loi de son propre perfectionnement- lesquelles ne peuvent être que des jugements incertains puisqu’ils leur manquent le ciment de l’autorité. Si le cerveau a besoin d’épices, le cœur se nourrit de pain frais. Au-delà de tous les régimes, l’homme ne mériterait pas le nom d’homme s’il oubliait que l’Egalité, la Justice, la Solidarité, le Respect de la Dignité de la personne, la Bonté, la Charité, la Fidélité, le Courage, l’Amour, l’Humilité, la Courtoisie, la Prudence sont indispensables à son accomplissement. Les dix commandements n’ont qu’un tort aux yeux des hiérarques et ploutocrates qui dirigent ce monde et détruisent le cerveau de nos jeunesses « libérées » : c’est d’être des commandements. Mais ils répondent à des besoins dont l’homme ne peut se passer s’il a le respect de soi-même.
Cependant, aujourd’hui, les Droits de l’homme et du citoyen ont fait place aux Revendications de l’homme, du citoyen et du clandestin. Le subversif est le nouveau mode de conjugaison qui s’impose. C’est le fin du fin de l’esprit. Le laid est beau, le mensonge est vérité, le mal est bien, la police arrête, la justice relâche ; l’une verbalise, l’autre absout. Il est vraiment paradoxal que ceux que la police sait coupables, la justice les croie innocents. C’est à se demander d’ailleurs si la justice a besoin de l’avocat puisque sa clémence pour le délinquant, le violeur, l’assassin, le terroriste islamoécologauchiste ou purement islamiste est aussi stupéfiante que ses verdicts ridiculisent l’innocent qu’il renvoie, sous les sarcasmes, rires, insultes et persécutions des Fouqier-Tinville de l’information – Médiapart, L’Aberration, le Monde, Télérama voire la Croix- à ses puériles vertus. La culture de l’inversion et du déchet est devenue une entreprise nationale qui met autant d’ardeur à excuser le coupable qu’à accabler l’innocent ; il devient écologique de protéger les pousses vénéneuses ; il devient parfaitement légal de laisser les meutes aboyer dans l’espace public voire parlementaire : « Nous sommes tous des innocents, ce qui nous donne l’autorisation d’être des barbares. »
Depuis qu’un souffle d’humanité parfume les prisons, le châtiment a cessé d’être exemplaire. L’école publique a cessé de rendre crédible la formule hugolienne « ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons ». Il faut faire taire la pseudo-pitié, le respect humain à sens unique. Abolissez la peine de mort mais s’il vous plait supprimez les assassins et les violeurs. Ceux qui haussent les épaules n’ont jamais été dévalisés et n’ont jamais vu l’un des leurs frappé, tabassé, égorgé pendant qu’il sortait de l’école, prenait le métro, conduisait un bus, attendait sur un quai de gare, célébrait une messe ou rentrait paisiblement chez lui.
Pendant ce temps-là, le maître dépouillé de son autorité, formé au lance-pierre mais déformé à l’envi , avec des conditions de travail chaque fois plus précaires, se voit convertir en une espèce de coach ou d’animateur socioculturel, une sorte de conseiller d’orientation chargé de la formation « transversale et psychoaffective de l’élève » comme le recommandent les ordonnances de l’UNESCO soumis à l’Agenda 2030 qui ont mis la perspective sexospécifique au cœur de la réforme mondiale de l’éducation : « Les enseignants doivent utiliser des techniques d’enseignement nouvelles, dites centrées sur les enfants, c’est-à-dire sur leur droit à l’expression de leurs opinions et à la santé sexuelle et reproductive. L’acquisition des compétences pour bien vivre comprenant entre autres : la prévention, la connaissance de ses propres droits, l’apprentissage de techniques pour les revendiquer, de bonnes habitudes nutritives te hygiéniques, l’acquisition d’outils pour se protéger du risque de grossesses non désirées… ». C’est ainsi que la figure du maître devient non pertinente, que sa vocation de transmettre les savoirs fondamentaux, que sa mission de faire grandir, de guider la personne du disciple vers la lumière et la connaissance universelle est abolie et que celle de célébrer le beau, le bon, le vrai, le bien passible des condamnations, des insultes et des pires persécutions pour incitation à la haine. C’est ainsi que le maître devient jetable et corvéable à merci et à mort. Les jeunes des quartiers brûlent les écoles, les bibliothèques, les gymnases ; ils insultent quand ils ne les tabassent pas leurs professeurs ; leurs géniteurs les soutiennent, et certaines mouvances politique ou religieuse en font leurs mercenaires et leur chair à canons. « Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon, ce sont eux qui s’occuperont de vous ! » écrivait don Bosco il y a deux cents ans.
Seul celui qui a été enrichi par une expérience d’autorité peut atteindre une maturité qui lui permette d’affronter et de juger la réalité de manière critique. Et pour être critique, nous avons d’abord besoin d’un critère. L’autorité nous concède ce critère ; et c’est en adhérant à ce critère que nous pourrons ensuite le rectifier, le compléter, l’exposer à la controverse voire le combattre. Mais s’il manque l’autorité, il manque le critère ; et sans critère tout développement de la personnalité se transforme en une carrière échevelée, sans boussole, perméable aux modes de la saison, au risque du périssable, pour être « dans le vent » dont Gustave Thibon écrivait que c’est simplement « une ambition de feuilles mortes ».
Là où il y a des maîtres sans autorité, la transmission des connaissances reste sur la voie de garage ou remisée à la cave ; et l’école se transforme en une sorte d’atelier pour former des entrepreneurs flexibles et adaptables, entrainés à diverses compétences, dextérités et habiletés techniques et émotionnelles qui facilitent leur intégration sur le marché du travail. Des personnes qui ne seront jamais maîtres de personne puisqu’ils ne furent pas disciples. Il est nécessaire de rétablir l’autorité du maître pour rendre à l’éducation ses lettres de noblesse et sa vocation.
Mais pour que l’autorité du maître puisse se rétablir et se légitimer, il nous faut d’abord accepter et la soutenir que la première autorité est celle des parents. Les parents sont les premiers responsables d’orienter le corps et l’esprit de leurs enfants vers la lumière pour les faire grandir ; s’ils démissionnent de cette responsabilité, s’ils se la laissent confisquer par l’Etat, l’idéologie totalitaire wokiste aux tentacules de laquelle se raccrochent comme berniques les associations LGBTQI…, le planning familial, les SOS homophobie, transphobie, queerphobie et les thuriféraires pedabobos , c’est tout l’édifice éducatif construit sur des bases sabloneuses qui s’effondrera. Nous y sommes ?
« J’ignore si nous sommes au début des derniers temps et d’ailleurs je m’en fiche […] Le spectacle que nous donne le monde est celui d’une horrible misère, et cette misère est si profonde qu’elle finit par nous absorber tous en elle. Nous communions dans la misère comme Dieu eût voulu que nous communiions dans son espérance et dans son amour. C’est évidemment une étonnante réussite du Diable, mais c’est peut-être aussi - c’est même sûrement - la voie paradoxale ouverte vers une nouvelle rédemption. Le monde n’a plus rien à perdre, nous non plus. Ce n’est pas le moment de lui faire des cours de morale et de théologie. Les Docteurs de la Loi sont des gens si funèbres, si ennuyeux ! Le monde a besoin de remèdes simples. Il faudrait d’abord lui rendre l’honneur. » Georges Bernanos (Correspondance, T.II, Lettre à Roland Corbisier, 20 décembre 1940)
Thierry Aillet
Ancien Délégué épiscopal à l’Enseignement catholique d’Avignon