Après la défaite occidentale en Ukraine : vers un nouveau monde

En cette fin de printemps, la vie semble sourire à Emmanuel Macron, réélu, quoique plus difficilement que la première fois, et à tous ceux qui souhaitent que la vie continue comme avant.

Pourtant l’automne nous prépare de sérieuses déconvenues.  Sur le plan économique d’abord : tout le monde s’attend à une crise énergétique de première ampleur. Les sanctions prises à la légère contre la Russie , qui n’en pâtit  que peu,  n’ont pas encore eu leur plein effet sur nous : grâce à  la vitesse acquise, nous roulons encore avec des carburants russes . Mais dès l’automne, l’accès aux carburants fossiles sera bien plus difficile. Les prix de l’énergie risquent de monter en flèche, privant de chauffage des millions de foyers. 

La hausse prévisible des prix de l’énergie, n’est pas seulement l’effet des sanctions prises contre la Russie, elle résulte aussi de la politique européenne elle-même dont la « plan euro-vert » prévoit la suppression de la voiture non-électrique (c’est à dire de tout véhicule à moins de 50 000 €)  d’ici quinze ans   et un bilan carbone négatif d’ici trente ans. Loin de s’attrister de l’effet des sanctions, les puissants qui règnent à Davos, à Bruxelles, à Washington ou ailleurs s’en réjouissent secrètement : ils comptent sur elles pour obliger les Européens à réduire peu à peu à zéro  leur consommation d’énergie fossile .

Grâce à son parc nucléaire, la France avait la possibilité de se tenir à l’écart de ces restrictions ; mais l’organisation aberrante du marché européen de l’électricité nous contraint à partager notre avantage avec les autres, ce qui se traduira par une hausse considérable du prix de l’électricité, bien plus importante qu’elle ne l’aurait été sur le seul   marché   national.

Que deviendront les fournitures d’engrais, dont la Russie et l’Ukraine sont les principaux exportateurs ?  Et qui pourra acheter le blé russe et ukrainien, dont le prix risque de s’envoler, en particulier pour les Africains du Nord, gros acheteurs ?

 

Une guerre de deux conceptions différentes de la gouvernance  à l’échelle mondiale

 

Toutes ces difficultés,  sachons que ce sont les amis de Macron à l’international, ceux qui partagent ses opinions , écologistes défenseurs autoproclamés du climat mondialistes et  antirusses , libertaires,  prosélytes   LGBT qui les ont suscitées ; parmi eux, les Européens  devraient être les premiers  à en payer le prix     les Etats-Unis ayant  leurs ressources  propres en énergie  et   le reste du monde ne prenant pas au sérieux le  risque de réchauffement climatique.

Mais par-delà l’économie, les pays de l’OTAN, spécialement les plus engagés dans l’aide à l’Ukraine, comme la France (dont le canon Caesar sert à massacrer les populations civiles au Dombas)  doivent s’attendre à une défaite cinglante. A moins que Biden ou  quelques autres  malades du département d’Etat ne décident une escalade supplémentaire, qui nous amènerait à la guerre nucléaire, la Russie va vaincre.  L’armée ukrainienne est sur le point d’être  anéantie. La Russie aura les mains libres en Ukraine, sinon pour annexer, du moins pour neutraliser ce pays, ce qui était son principal but de guerre.  Au milieu de l’hystérie générale antirusse, seul Henry Kissinger a proposé à Davos de négocier avec Moscou sur cette base. Sera-t-il entendu ? De toutes les façons, les Russes, maitres du terrain, ne reviendront pas en arrière.

Nous ne nous en rendons pas encore compte,  mais il s’agira d’une immense défaite pour l’Occident qu’il sera difficile de cacher aux peuples.

Une défaite aussi pour l’Union européenne, bras armé du mondialisme et qui s’est engagée, sous la direction de l’incompétente Ursula von der Leyen, dans une action militaire qui sort de sa mission. Coïncidant avec la crise économique prévisible, elle ébranlera sérieusement l’édifice de Bruxelles.

Lors de la dernière session de Davos, les participants ont exprimé la crainte queune victoire russe ne remette en cause leurs projets pour la planète .   Et pour cause.

Comment cette défaite sera-t-elle   vécue par  les  peuples d’Europe chauffés à blanc,  qu’on a convaincu, bien à tort, que c’était leur guerre,  quand ils  réaliseront qu’elle  est perdue, sans que cessent pour autant les sanctions destructrices qu’ils se sont imposées  lesquelles  , au lieu de toucher la Russie, les toucheront,   eux.

Comment les gouvernements occidentaux, et en particulier ceux qui se sont engagés le plus loin comme celui de la France,  expliqueront-ils que,  pour une guerre  perdue, on les aura privés de carburant et de chauffage l’hiver prochain ?

1870, 1940, la légitimité ne se perd pas seulement par les élections, elle se perd par les défaites. Et celle-là sera cinglante pour tous les pays de l’OTAN. Les élections de mi-mandat ramèneront les Républicains au pouvoir au Congrès en novembre mais pour les autres, pour la France, que se passera t-il ?  Comment sera vécu ce revers humiliant  dans une  aventure où Macron s’est largement engagé et qui sera la défaite, non seulement d’une armée, mais celle de toute une idéologie dans laquelle notre président est totalement  impliqué, l’idéologie libéral-libertaire, déconstructrice,  woke, laquelle pourrait alors faire l’objet dans tout  l’Occident d’une vaste remise en cause.

Un nouveau monde est à notre porte et il n’est pas du tout le grand reset planifié à Davos.

Roland HUREAUX