En janvier, la retraite a été revalorisée de 5,3 % tandis que le SMIC l'était à 1,3 %. Un déséquilibre qui a alimenté l'hostilité des jeunes générations envers leurs aînés, qui sont mieux lotis qu'eux. Quelques jours plus tard, c’est un Premier ministre de 34 ans, Gabriel Attal, qui était placé à la tête du gouvernement par Emmanuel Macron dans un nouvel exercice de « en même temps ».
Emmanuel Macron est un président jeune, élu par une génération plus âgée à laquelle il parle des jeunes.
Le chef de l’Etat n’a de cesse de lancer des plans pour « la jeunesse » et de parler de « nos jeunes », une formule qui peut surprendre, d'autant plus que le principal intéressé n'a pas d'enfants.
Le président aime jouer sur les contrastes, pour ne pas dire qu'il se vautre dans les contradictions. Celui qui prétend incarner le renouveau se révèle être, à bien des égards, le défenseur d'une classe d'âge vieillissante préoccupée par la préservation de ses privilèges. Une génération qu’il fallait préserver en confinant tout le pays, tout ça pour finir par proposer de les piquer en lançant en 2024 un texte de loi en faveur de l’euthanasie !
Alors qu’il semblait avoir fait de son parti un syndicat de défense d’intérêts des retraités, Emmanuel Macron s’est aussi piqué de jeunisme avec l’arrivée de Gabriel Attal pour succéder à Elisabeth Borne à la tête du gouvernement. Gueule d’ange et « gendre idéal », Attal est une sorte de Macron modèle réduit, moins diplômé et probablement un peu moins brillant. Il assure néanmoins le spectacle, donnant ainsi l'impression de jeunesse au macronisme tout en masquant, pour quelques semaines, le chaos dans lequel se trouve le pays.
Les fractures de la société françaises sont multiples : ethniques, sociales, culturelles, religieuses… Emmanuel Macron aura été le président de la fracture générationnelle. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, 37,5 % des plus de 65 ans ont voté pour lui : le président s’appuie largement sur cette tranche d’âge pour bâtir ses victoires électorales. Cet électorat a une forte capacité de mobilisation et assure un matelas de voix confortable là où des électeurs jeunes sont plus volatiles.
En jouant la carte d’une génération plus que celle des idées, le président a élaboré une recette électorale gagnante mais a également intensifié une guerre des générations qui, si elle n’est pas nouvelle, connaît un véritable renouveau. Alors que les fractures sociales ou identitaires ramènent à des différences réelles entre groupes d’individus, le conflit générationnel repose lui sur une opposition plus artificielle et mortifère. Les affinités politiques ou idéologiques n’ont d’ordinaire rien ou peu à voir avec l’âge. On peut partager l’opinion ou le sentiment de quelqu’un, quelle que soit sa « génération ». Avec cette fracture macroniste qui a été sans doute envisagée en matière de logique électorale, la France s’est dotée d’une nouvelle faille dont elle n’avait pas besoin.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
- Absence du pape François à Notre-Dame : une bie...
- Bayrou Premier ministre, Emmanuel Macron remet...
- Requiem pour la Syrie
- Motion de censure, le bal des hypocrites
- Macron : la repentance et la France en tout petit
- Motion de censure : le crépuscule de Michel Bar...
- La pénible litanie féministe
- Alliance contrainte, alliance éphémère ?
- Les « irremplaçables », une autre facette du co...
- 2027, rien ne sert de courir, il faut partir à...