[Source: Ker News]
Un regard non conformiste sur la situation en Russie : popularité de Vladimir Poutine, croissance économique, libertés démocratiques…
Les Français ont une fausse image de la Russie et de Vladimir Poutine : tel est le constat d’Yvan Blot, qui vient de publier un ouvrage très complet sur mille ans d’histoire russe, avec de nombreux chapitres sur la Russie d’aujourd’hui, notamment à travers ses progrès économiques et démocratiques. Il affirme depuis plusieurs semaines dans les médias que la Russie est un pays plus démocratique que la France et il étaye son propos par de nombreux exemples. C’est sans doute aussi l’explication de la popularité de Vladimir Poutine dans son pays, avec 80% d’opinions positives, contre 15 à 10% pour François Hollande en France…
Yvan Blot peut se prévaloir d’une riche carrière politique : il est énarque, il a été directeur de cabinet au RPR entre 1978 et 1984, député RPR du Pas-de-Calais entre 1986 et 1988, puis il a rejoint le Front national où il a été élu député européen en 1989. Haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, il s’est retiré de la vie politique en 2000, avant de rejoindre l’UMP en 2004 avec le soutien de Nicolas Sarkozy.
Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages de science politique et de philosophie, membre du club international d’experts de Valdai, reçus chaque année par Vladimir Poutine, et il est également membre du conseil des experts du centre d’analyse international Rethinking Russia sous l’égide de la fondation ISEPR à Moscou, institut de recherches en sciences sociales, politiques et économiques.
Kernews : Les médias caricaturent souvent la situation de la Russie et, en France, beaucoup de gens ne comprennent pas la popularité de Vladimir Poutine. Votre analyse permet de se rendre compte que l’on est finalement à côté de la plaque lorsque l’on se fie à la présentation médiatique…
Yvan Blot : C’est certain, les médias occidentaux se placent dans le cadre d’un courant qui consiste à vouloir créer artificiellement une opposition entre la Russie et l’Europe, cela pour le seul avantage des États-Unis. Cela correspond à la doctrine Brzezinski, qui souhaite depuis plusieurs années couper la Russie de l’Europe le plus possible. Les médias sont souvent dans cette ligne. J’ai une expérience de la Russie depuis de nombreuses années. Je me suis occupé de la Russie quand j’étais au Parlement européen et, depuis trois ans, je fais beaucoup de coopération avec la Russie et je travaille avec deux clubs de réflexion russes en science politique. J’ai voulu casser un certain nombre de mythes sur la Russie, avec des expériences vécues ou des éléments statistiques difficiles à contester, notamment en provenance de la Banque Mondiale. J’ai voulu m’attaquer à quelques mythes. Le premier, c’est que la Russie serait intrinsèquement un pays d’agresseurs, ceci pendant toute son histoire : or, mon sentiment est que la Russie a plutôt été l’agressée ! C’est un pays qui a été envahi par les Mongols, par les Suédois, par les chevaliers teutoniques, les Polonais, Napoléon et, pour finir, Hitler. Ils ont toujours fini par triompher. Donc, pour moi, c’est un peuple de résistants, beaucoup plus que d’agresseurs. Le deuxième mythe – c’est celui qui surprendra le plus – c’est qu’à mon avis, la Russie est un pays plus démocratique que la France. Ensuite, on nous explique que c’est un pays sous-développé. J’ai entendu des responsables politiques français importants dire que la Russie n’était pas différente de l’Arabie Saoudite, car c’est un pays qui ne vend que du pétrole. Ce n’est pas très sérieux ! Si vous vous référez aux chiffres de la Banque Mondiale, vous constaterez que le pétrole c’est 9% du PIB de la Russie, contre 45% en Arabie Saoudite. Ensuite, le produit intérieur brut de la Russie – c’est un chiffre qui n’est jamais repris dans les médias – a rattrapé celui de l’Allemagne en 2014. On peut dire que l’économie russe a à peu près la même force de création de richesses que l’économie allemande. On ne trouve cela nulle part, sauf dans les statistiques du FMI et de la Banque Mondiale. En matière de technologies, la Russie a prouvé qu’elle était capable de faire des produits de haute technologie. Elle exporte des centrales nucléaires, elle exporte des armements extrêmement sophistiqués et, si vous voulez aller dans une station orbitale, il faut prendre une fusée russe parce que les Américains n’en fabriquent plus. Yandex, qui est le moteur de recherche le plus connu en Russie, a été créé deux ans avant Google ! L’antivirus Kaspersky, que tout le monde a sur son ordinateur, c’est un brevet russe également. La plus grande surprise s’est produite il y a quelques mois, lorsqu’un bateau de guerre américain est passé en mer Noire, un avion russe est passé au-dessus et le commandant du bateau a constaté que les radars n’avaient pas indiqué la présence de cet avion. Les techniciens se sont aperçus que tout le système électronique du bateau était entièrement paralysé ! L’avion s’est éloigné et, à partir d’un certain moment, tous les appareils se sont remis à fonctionner. C’est de cette manière que l’on a découvert que certains avions russes avaient la capacité de paralyser totalement tous les équipements électroniques d’un adversaire. Ce qui fait qu’à l’OTAN, on s’est beaucoup inquiété et l’on s’est dit que les Russes, en cas de conflit, étaient capables de paralyser toutes les communications des armées occidentales… Donc, dire qu’ils n’ont pas de technologies, cela ne tient pas debout.
En commençant cet entretien, vous avez cité le nom de Brzezinski : il s’agit de Zbigniew Brzezinski, conseiller en politique étrangère de tous les présidents américains depuis Carter…
Il était le conseiller officiel de Carter et, depuis, il est le conseiller officieux de tous les présidents américains, y compris Obama.
En résumé, sa doctrine consiste-t-elle à dire que la politique étrangère des États-Unis doit tout faire pour éloigner la Russie des pays européens et éviter toute entente, afin que les États-Unis restent une grande puissance ?
On peut dire cela. C’est un homme extrêmement cohérent dans sa doctrine. Il dit que l’Amérique c’est l’Empire Romain : c’est-à-dire que l’on domine le monde grâce à notre force, mais on a un énorme handicap que les Romains n’avaient pas, c’est que l’on n’est pas sur le continent principal de la planète. Le continent principal, c’est l’Eurasie, l’Europe, la Russie, la Chine et l’Inde. Donc, les Américains sont sur un continent marginal et ils doivent maintenir leur leadership. Pour cela, il faut vassaliser l’Europe, surveiller la Chine en permanence et, surtout, affaiblir la Russie qui fait le lien entre la Chine et l’Europe. Et, pour affaiblir la Russie, explique Brzezinski, il faut organiser une guerre entre l’Ukraine et la Russie. Il disait cela dix ans avant le déclenchement des hostilités en Ukraine ! Donc, cela fait réfléchir… Ensuite, une fois que l’Ukraine et la Russie se seront bien battues l’une contre l’autre, il faudra essayer d’affaiblir la Russie par des révolutions intérieures, comme Orange, de telle façon que la Russie puisse être découpée en trois États : la Russie d’Europe, la Sibérie et l’Extrême-Orient. À ce moment-là, il n’y aura plus de danger du côté des Russes… C’est très sympathique ! Imaginez qu’un conseiller de Poutine dise : « L’Amérique est très dangereuse, car elle est trop forte, il faut séparer le Nord et le Sud, comme avant la guerre de Sécession, et il faut rendre la Californie au Mexique… » Vous imaginez la tête des Américains ! C’est pourtant ce qu’ils se permettent de faire quand ils parlent de la Russie…
Tout cela a été planifié par les Américains depuis une quinzaine d’années, c’est écrit dans des documents officiels, et pourtant les Européens continuent de tomber dans le panneau… Comment expliquez-vous cela ?
Ce sont les élites politiques européennes essentiellement. Les populations européennes ne sont pas toujours très au courant de tout cela et, en général, il y a un sentiment qui n’est pas hostile à l’égard de la Russie dans beaucoup de pays d’Europe, y compris en France. Il y a un conflit entre les élites politiques et économiques en Europe. Je sais qu’il y a eu des réunions à l’Élysée avec le patronat français qui a demandé d’arrêter de sanctionner l’économie russe, parce que cela se retourne aussi contre nous. On ne peut plus commercer convenablement avec la Russie, c’est mauvais pour la Russie, mais c’est aussi mauvais pour nous. La Commission européenne a fait une étude qui a montré que l’Union européenne a perdu 1,2 million d’emplois à cause des sanctions qui empêchent d’exporter dans de bonnes conditions vers la Russie.
C’est aussi l’une des raisons de la crise agricole…
L’agriculture est tout à fait concernée. En Allemagne, en Italie ou en France, le patronat, pour maintenir les emplois et la croissance, souhaite vraiment que l’on arrête les sanctions contre la Russie. Ce sont vraiment les élites politiques qui sont très liées aux élites américaines.
L’idée la plus répandue dans les médias, c’est que Vladimir Poutine est un dictateur, mais vous expliquez l’état d’avancement de la démocratie en Russie, notamment à travers ce comité qui permet au peuple de vérifier que toutes les réformes sont bien faites, en faisant remonter leur expérience vis-à-vis de chaque fonctionnaire…
C’est une organisation qui a des ramifications un peu partout, qui s’appelle le front national pan-russe, qui comprend des milliers de citoyens qui ont pour tâche de surveiller le parti au pouvoir et de surveiller les élus aussi, parce que Vladimir Poutine n’a pas confiance dans les corps intermédiaires et il se méfie de la bureaucratie.. Donc, à l’intérieur de son propre système, il a créé un mécanisme de contrôle démocratique pour s’assurer que les décrets sont bien appliqués par les fonctionnaires et les élus locaux. C’est très ingénieux comme système et c’est un élément de démocratie à l’intérieur du système russe. Par ailleurs, en matière d’élections, les dirigeants politiques sont élus et même de façon plus directe en Russie. Les maires sont élus directement, alors que chez nous ce n’est pas le cas, et les préfets, qui étaient nommés autrefois, sont maintenant élus par la population. C’est une décision de Vladimir Poutine et les Russes ont beaucoup apprécié la possibilité d’élire leurs propres préfets. Enfin, pour une dictature, vous trouvez des journaux pro-Poutine et des journaux anti-Poutine en quantité. Or, à l’époque soviétique, il n’y avait jamais de journaux contre le gouvernement… Les Russes peuvent sortir de Russie et revenir en Russie quand ils le veulent… A mon avis, c’est une démocratie plus forte que la France, parce que le gouvernement fait la politique que le peuple souhaite. C’est pour cette raison que Poutine a 80% de soutiens. En France, comme les élites politiques ne font pas du tout la politique que les gens souhaitent, Hollande se retrouve avec 15 à 20% de soutiens… La Russie est plus démocratique que la France, car la France est une oligarchie qui pratique une politique sur des tas de sujets, qui n’a rien à voir avec ce que souhaite le peuple : je pense à la fiscalité, l’immigration, l’insécurité ou le chômage…
Un préfet élu au suffrage universel, cela va faire rêver les Baulois qui viennent d’être confrontés à un préfet et à un sous-préfet qui a instauré le démantèlement de tous les restaurants de plage de La Baule, contre l’avis de la population qui est furieuse, et des centaines d’emplois sont menacés… Évidemment, si le préfet avait été élu par la population, une telle mesure n’aurait jamais été prise !
Absolument ! Et si nous étions en Suisse, il y aurait eu un référendum pour prendre ce genre de décision, ce qui fait que la population aurait eu son mot à dire alors qu’en France il n’y a jamais de référendum. Vous savez que je suis un spécialiste de la démocratie directe et je suis en plein dialogue avec le Kremlin sur ce sujet. Ils ont traduit mon livre sur la démocratie directe et je suis actuellement consulté par l’administration du Kremlin. Je ne sais pas quelle réforme ils préparent, mais la démocratie est quelque chose de tout à fait sérieux pour eux. C’est un régime patriote, conservateur et démocratique.
En France, lorsque le gouvernement explique que les contrôles de l’administration doivent être plus humains et justifiés, si nous avions l’équivalent de ce front pan-russe, les citoyens pourraient directement aller se plaindre lorsqu’ils rencontrent un problème concret. Est-ce cela ?
C’est exactement cela. Quand j’ai commencé à travailler avec la Russie, j’ai été surpris parce que l’on m’a dit que Poutine était centriste… J’avais un peu de mal à partager cela, parce que je pensais à François Bayrou et je trouvais quand même un peu bizarre de qualifier Poutine de centriste… Mais on m’a expliqué que Poutine est au centre de la société russe et cela veut dire que la politique qu’il mène est celle de l’immense majorité de la population russe. Il y a autant de gens qui sont plus à droite que lui et autant de gens qui sont plus à gauche que lui, il est au milieu en quelque sorte. Cela vient aussi du fait que la société civile russe est beaucoup plus attachée aux valeurs traditionnelles et au patriotisme que la société française.
Est-ce ce qui explique les 80% d’opinions positives pour Poutine en Russie ?
C’est indiscutable. Les sondeurs occidentaux sont étonnés par leurs propres résultats, parce que ce ne sont pas des sondages faits par le Kremlin… Pour eux, Poutine c’est la stabilité et la croissance économique. Il faut voir que le niveau de vie des Russes a quadruplé depuis que Poutine est là, les deux dernières années ont été stagnantes, c’est vrai, mais la richesse par habitant a quadruplé. Il y a une très forte croissance qui est due, bien sûr, au gaz et au pétrole, mais tout ne s’explique pas par cela. La production d’électricité de la Russie est le double de celle de l’Allemagne, c’est le quatrième pays du monde. C’est un pays qui a très fortement progressé et le niveau de vie est maintenant celui d’un pays occidental.
Vous abordez un autre point, celui que Poutine n’est pas simplement le président de la Russie : il se pose aussi en défenseur des valeurs chrétiennes et civilisationnelles…
J’ai un témoignage de Philippe de Villiers, qui a préfacé mon livre, et il m’a dit : « Tu sais, j’ai dîné longuement avec Vladimir Poutine. On a passé trois heures à discuter ensemble et, au début, j’avais l’impression de dîner avec le président de la Russie… » Je lui réponds : « Oui, c’est normal ». Il me dit : « Oui, mais ce qui est plus bizarre, c’est qu’au bout de trois heures, j’avais une tout autre impression, celle d’être devant le défenseur mondial des valeurs chrétiennes. » J’ai un autre exemple : je suis membre d’un cercle mondial qui se retrouve chaque année autour de Poutine et il a fait un discours, il y a deux ans, où il se montrait extrêmement inquiet de l’effondrement des mœurs occidentales et il appelait à la défense des valeurs traditionnelles de notre civilisation… On le voit bien à travers sa politique familiale, qui est extrêmement généreuse.
Alors, pourquoi cette image permanente d’un « Poutine dictateur » en France ?
Je donne des cours dans des universités russes et je donne des cours dans des universités françaises. En France, j’ai eu quelques incidents assez incroyables. Par exemple, je devais faire un livre sur la démocratie directe, avec la fondation des Sciences politiques, et le projet a été suspendu brusquement. On m’a répondu que cela venait de très haut : « On pense que c’est un sujet dangereux ! » En Russie, personne n’a bloqué aucun de mes cours, je traite parfois de sujets sensibles mais je n’ai jamais senti la moindre directive. On parle beaucoup plus librement là-bas qu’ici et sur beaucoup plus de sujets. Actuellement, nous avons une commission tripartite sur l’immigration, avec des Allemands, des Français et des Russes, on parle très librement comme on n’ose plus le faire en France. En Russie, on explique qu’il faut faire très attention aux phénomènes migratoires, parce que cela peut créer une population dans laquelle des terroristes peuvent se nicher. D’ailleurs, c’est ce que disent le Premier ministre de Pologne et le Premier ministre de Hongrie. Tout se passe comme s’il y avait une coupure entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est. En Europe de l’Est, on voit les choses d’une certaine façon. En Europe de l’Ouest, on est complètement contaminé par une idéologie cosmopolite et autoritaire.
En refermant votre livre, on a le sentiment qu’il y a un véritable gâchis dans cette relation ratée avec la Russie. Est-ce trop tard ?
Dans l’histoire, rien n’est jamais trop tard ! En 1985, j’ai eu une discussion incroyable avec Friedrich Hayek, prix Nobel d’économie, qui m’a dit : « Que faites-vous dans la vie, jeune homme ? » Je lui réponds : « Je fais de la politique ». Il me dit : « Mais cela ne sert à rien ! » J’ajoute : « Je fais cela parce que je suis anticommuniste ». Hayek me répond : « Moi aussi je suis anticommuniste, mais cela ne sert plus à rien puisque le communisme va disparaître… » En 1985, un tiers de l’humanité vivait sous la dictature du communisme. Il me dit : « D’ici à cinq ans, à peu près, il n’y aura plus d’Union soviétique, elle va disparaître, parce qu’elle est inefficace économiquement, elle va s’effondrer sur elle-même, il n’y aura plus de rideau de fer et l’Allemagne va se réunifier ! » Évidemment, je ne l’ai pas cru à l’époque… On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait et l’avenir n’est pas forcément le pire. Je crois qu’en Occident, il y a actuellement un décrochage très fort entre les élites et le peuple, et les élites sont de plus en plus contestées. On le voit bien aux États-Unis. Même en Allemagne, qui est un pays très sage, depuis quelques années il commence à y avoir une contestation très sévère de la politique d’immigration de Madame Merkel. Donc, on va vers une modification de l’opinion publique qui va se répercuter tôt ou tard dans les gouvernements. Il se peut qu’un jour, aux États-Unis, on en ait assez de jouer au va-t-en-guerre permanent et qu’il y ait une modification de la politique occidentale à l’égard de la Russie.
Enfin, comment est née votre passion pour la Russie ?
Quand j’étais député européen, j’ai été chargé des relations du Parlement européen avec la Russie. J’ai découvert la nouvelle Russie en allant de surprise en surprise. Un jour, le ministre de l’Intérieur m’invite à visiter son exposition de tableaux au ministère. En effet, il y a des peintres parmi les policiers russes… Le ministère sélectionne les meilleures toiles et les peintres sont récompensés chaque année. Le ministre me montre le premier prix de l’année et c’est un tableau avec des couronnes de laurier, représentant le tsar et la tsarine avec, au fond, la cathédrale de Moscou… Je trouve que c’est extraordinaire ! Le ministre russe de l’Intérieur est surpris et je lui dis car, à l’époque, c’était Chevènement au ministère de l’Intérieur en France : « Je n’imagine pas très bien Monsieur Chevènement donner un prix à un policier qui aurait fait un portrait de Louis XVI et de Marie-Antoinette ! »
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