Source [Boulevard Voltaire] : Il n’y a pas que les instituts de sondage et leurs commentateurs pour pronostiquer une abstention record au prochain scrutin présidentiel. Les Français « s’y attendent » à 65 % (étude Odoxa Backbone-Consulting pour Le Figaro), et pour cause : fort nombreux sont ceux qui, eux-mêmes, ne sont pas du tout sûrs d’aller voter.
L’explication en est simple : « l’à-quoi-bonnisme » s’est abattu sur le pays. Et ce n’est pas le show du Président-candidat, devant la presse, ce jeudi, qui les aura fait changer d’avis.
S’il fallait donner un titre au spectacle, on pourrait l’intituler « Narcisse en son miroir ». Macron a un chou, que dis-je, une citrouille comme on en voit peu. Certes, la fonction présidentielle s’y prête et l’on en a vu d’autres gonfler à vue d’œil. Mais chez lui, c’est une forme d’apothéose, l’acmé de l’autosatisfaction, l’adoration de soi-même à son zénith, c’est pourquoi il ne descendra pas dans l’arène où débattent les candidats ordinaires.
En cela, hélas, trois fois hélas, l’actualité le sert. Au point qu’il est convenu, devant les trois cents journalistes conviés pour entendre la divine parole, qu’il était prêt à envisager beaucoup de choses – y compris intégrer Valérie Pécresse dans un prochain gouvernement – mais certes pas à changer de métier. Perdre les élections ? « Je ne me suis pas intimement posé la question », a-t-il répondu.
Car enfin, tout le montre et le démontre : Emmanuel Macron nous épargne l’Apocalypse à chaque jour qui passe. Il a sauvé les bons Français des hordes de gilets jaunes, évitant que les bourgeois ne se retrouvent la tête plantée sur une pique ; il a combattu les Covid-19, 20, 21 et bientôt 22 de ses bras musclés, et maintenant, last but not least, comme on dit dans la start-up nation, il nous est un rempart contre le feu nucléaire en portant à bout de bras le réarmement de l’Europe.
« À travers les crises, vous avez une certaine idée de la manière dont je me comporte », a dit Emmanuel Macron. C’est sûr. Il l’a d’ailleurs résumé déjà de façon aussi explicite que concise : quand l’occasion se présente, il nous « emmerde ».
Reste que la peur est sans aucun doute l’un des plus efficaces leviers en matière d’ingénierie sociale, et le Président sait en jouer comme personne. « Je suis convaincu que face au retour du tragique, il nous faudra faire des choix », a-t-il pronostiqué gravement. On pourrait en effet choisir de confier la gestion des affaires à un(e)autre que lui, mais ce serait folie de notre part : quand le monde est en guerre, on ne peut prendre ce risque. Question de morale : « Nous sommes tous forgés par les événements, j’ai essayé d’agir conformément à mes engagements. Être au rendez-vous des crises et protéger les Français : ce sont des invariants », dit Macron. Il faut être soudés, traduisent les braves gens. Et quand on voit le nombre de Français (dont beaucoup de jeunes !) terrorisés à la simple idée de retirer leur masque dans la rue, on se dit que l’émancipation n’est pas pour demain…
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