Source [Le Figaro] Le Québec est un aimant pour nos compatriotes. Montréal compte 130.000 Français, la première communauté tricolore hors d’Europe. Des expatriés heureux de leur nouveau cadre de vie et des opportunités économiques qu’offre une province en pleine expansion.
Le bonheur est dans le froid. Le blizzard souffle sur le boulevard Saint-Laurent. Un grand froid, l’un des premiers de l’année, s’élève dans la nuit naissante. Coupant, glaçant, mordant. Il fait - 22°C à Montréal. «Attache ta tuque [ton chapeau] mon p’tit pit [petit gars]», dit une Québécoise à son bambin de 5 ans. Le mercure chute souvent à -30°C en janvier ou en février. Le peuple de Montréal est alors au garde-à-vous devant Sa Majesté l’hiver.
Et les Français du cru ? Voilà des années que nos compatriotes plébiscitent Montréal. Le nombre d’immigrants permanents français a explosé au cours de la dernière décennie, pour atteindre 4000 pour la seule année 2018. Environ 200.000 de nos concitoyens vivent au Canada, dont au moins 130.000 à Montréal. Il faut y ajouter quelques milliers de «PVTistes» (les 18-35 ans titulaires de permis-vacances-travail) et de récipiendaires de visas de travail temporaires, ainsi qu’une dizaine de milliers d’étudiants, d’expatriés et même des clandestins ! Les autorités migratoires québécoises ont recensé 47 réfugiés français entre 2007 et 2016.
Pour autant, l’image traditionnelle d’un Québec en quête de Français n’est plus qu’un cliché. Selon un rapport du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, le migrant gaulois ne représente plus en 2018 que 7,7% des nouveaux arrivants, derrière la Chine et talonné par les pays du Maghreb. Entre 2014 et 2018, 20% des immigrants du Québec ont pour langue maternelle l’arabe et seulement 17% le français. Montréal, métropole américaine de quatre millions d’habitants, fait rêver même quand la neige craque sous le pied.
Amaury est un jeune Versaillais. Il est commis-vendeur à La Brioche Dorée, une chaîne de boulangerie. Arrivé il y a un an dans la Belle Province, il n’a qu’éloges pour son pays d’adoption. «On se sent à la maison. On est vite et bien accueilli avec les avantages d’une grande ville et le civisme en plus. C’est très bien.»Ces Français heureux se ressemblent tous. On retrouve en général les plus jeunes dans le quartier du Plateau Mont-Royal, les plus âgés et plus aisés dans les demeures cossues d’Outremont, l’ancien quartier d’Alain Juppé au temps de son exil québécois. Le député Marcheur Roland Lescure a adoré ce Montréal, où, comme numéro deux de la Caisse de dépôt et placement du Québec, il gagnait 2,6 millions de dollars par an en 2016.
Heureux Français profitant de grands logements, moins chers que dans les grandes villes françaises, savourant la politesse, la gentillesse des Québécois et surtout les opportunités offertes par une province en pleine croissance économique. Une image d’Épinal ?
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