Nos coups de coeur
Et si la famille n’était pas le « foyer clos » que l’on a cru ? Si elle était l’« institution anarchiste par excellence » ? De fait, elle est antérieure à l’idéologie et à l’État.
Fondée dans notre chair la plus concrète, elle apparaît naturellement avec le désir qui unit l’homme et la femme. Serait-elle royale ou puritaine, sa source obscure est dans nos culottes. Et les naissances qui en jaillissent déconcertent leurs auteurs eux-mêmes, les ouvrent à une nouveauté déjouant leurs plans : un petit trisomique peut surgir au beau milieu d’un couple d’ingénieurs, un poète parmi les pontes de la finance...
De la chair au contrat
Sans même une particulière anomalie, le petit d’homme est toujours un événement qui excède le pouvoir de ses parents. Mais l’« innovation » voudrait mettre un terme à cette nouveauté déroutante. Il faudrait que la famille se change en laboratoire, et ne soit plus fondée sur le sexe, mais sur l’ingénierie. Le père est remplacé par l’expert, l’étreinte passionnée par la transparente éprouvette, la table familiale par la tablette électronique, etc.
Le fait de ne plus distinguer politique familiale et politique sociale, et de laisser la première absorbée par la seconde, est le signe que l’on ne voit plus la famille comme le fondement de la société, mais comme un élément parmi d’autres, voire comme un type particulier d’entreprise. La société serait d’abord constituée de purs individus sans appartenance ni naissance, et qui passeraient entre eux des contrats. Comme si nous n’étions pas des fils, avant d’être des citoyens…
À la source de l’intelligence
Ce petit livre voudrait montrer le lien du logique et du généalogique contre leur dislocation contemporaine au profit de la technologie. Il ose prétendre que la différence des sexes est le socle de l’intelligence humaine, et que la naissance ordinaire est plus chargée d’avenir que tous les superbes futurs planifiés de la PMA.
Un livre constructif et stimulant, sans doute le plus inventif depuis des générations sur ce qu’on a pu dire de la famille, de la famille qui ne passe pas.
Georges Leroy
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