Nos coups de coeur
Chesterton est, à bien des égards, inclassable. C’est un personnage hors normes, tant physiquement (il mesurait près de deux mètres et pesait 130 kilos), que culturellement, passant de l’occultisme de sa jeunesse à un catholicisme "orthodoxe". Après sa conversion à la foi catholique en 1922, il n’aura de cesse de défendre l’Église, très attaquée à l’époque en Angleterre, avec sa plume paradoxale.
La Chose est un recueil d’essais publié en 1929. L’impertinent Chesterton met en lumière les contradictions de ses contemporains qui critiquent l’Église catholique. Et il y avait fort à faire.
Malgré son âge, cette œuvre n’a que très peu perdu de son actualité. L’œuvre est riche de petites piques qui ont encore toute leur saveur aujourd’hui. Dès l’introduction, 'G.K.C.' évoque le traitement spécial réservé à l’Église par les esprits forts : «La trêve de bon goût, plutôt unilatérale, concernant toutes les questions religieuses, qui prévalait il y a peu de temps, a fait place aujourd’hui à une guerre tout aussi unilatérale. Mais cette trêve peut encore être invoquée, tout comme peut l’être un terrorisme du goût, contre la minorité. » On croirait entendre parler de la notion de laïcité si chère à la RATP.
Chesterton s’en prend aussi aux déconstructeurs, et particulièrement à ceux qui démontent la famille pièce par pièce. Il ne conteste pas leur droit de tout casser, mais leur ignorance. « Personne ne devrait se préoccuper de détruire une institution publique tant qu’il ne l’a pas véritablement envisagée comme une institution historique. » Avant de renvoyer Mmes Taubira, Vallaud-Belkacem et consorts dans les cordes (par anticipation) : « Ces gens ne savent pas ce qu’ils font ; parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils défont. »
Chesterton conclut finalement sur une note d’espérance : « Un jour […] les hommes cherchent ce qui est enfoui en eux ; et découvrent où est en effet caché, derrière les portails cadenassés et des volets fermés, et des portes blindées et verrouillées, l’esprit de liberté. » Puisse La Chose demeurer prophétique.
François de Lens
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