Nos coups de coeur
Russe, docteur ès lettres de l’Université Paris-Sorbonne, Anna Gichkina est l’auteur d’un tout petit livre, en termes de pages,mais d’un très grand livre par le message qu’il nous livre.
Il est paru à l’été 2019. Tous ceux que la Russie fascine seront enthousiasmés par cet essai magistral… et les autres ne pourront qu’y découvrir un message d’espoir dans la crise que connaissent les « valeurs » de notre Europe occidentale. Alors qu’il est devenu un exercice courant de décrier la Russie contemporaine, cet essai intelligent dénote. Bien qu’érudit, il se lit très facilement, et offre une véritable cure de jouvence et d’espoir pour notre monde moderne qui nous paraît certains jours bien froid et bien triste.
L’auteur y défend la thèse que contrairement à la France, la Russie n’a en fait jamais véritablement renié ses racines chrétiennes orthodoxes ; c’est ce qui la sauve et son exemple pourrait bien nous sauver aussi si nous avions un peu moins d’œillères. Après soixante-dix ans de communisme, et au milieu d’un concert international de réprobation de bon ton,il peut paraitre étrange de lire de telles lignes, surtout de la part d’un si jeune auteur : Anna Gichkina est née en 1982. Mais la force de conviction et l’érudition s’imposent, tant son texte est émaillé de citations très nombreuses de penseurs et philosophes russes qui lui permettent d’étayer ses dires de la plus magistrale façon.
Après avoir décrit les causes de la perte de sens du monde occidental, Anna Gichkina analyse au scalpel le fonctionnement et les bases fondamentales de la nation russe, dans, par et avec son orthodoxie. Elle en appelle à la littérature russe pour sauver le monde occidental. La littérature est l’âme d’une nation, elle en façonne l’histoire. L’Europe vit une crise due à un vide spirituel. La sainte littérature russe (Tolstoï, Dostoievski, Gogol), évangélique par essence, découverte par Eugène Melchior de Vogué sous la IIIème République, avait déjà sauvé la France des abîmes du rationalisme de la fin du xixe siècle, en agissant comme une « infusion du sang nouveau ». La santé de l’Europe est aujourd’hui, comme il y a cent ans, dans la même nécessité vitale d’amitié avec la Russie. Les lettres russes, sont le remède contre le vide, encore faut-il retrouver un « horizon d’attente », selon les termes du théoricien littéraire Hans Jauss.
La sainte littérature russe du xixe siècle a d’ailleurs toujours de beaux surgeons dans le monde contemporain ; après l’essai d’Anna Gichkina, la reconstruction spirituelle peut se poursuivre en lisant également le magnifique roman d’Evguéni Vodolazkine, de 2012, et enfin traduit en français chez Fayard, et qui a récemment reçu le prestigieux prix russe Bolchaïa Kniga, Les Quatre vies d’Arséni, itinéraire mystique d’un moine dans une ardente et superbe Russie médiévale.
Voir aussi :
Anna Gichkina, Eugène Melchior de Vogüé ou comment la Russie pourrait sauver la France, Paris, L’Harmattan, 2018
Evguéni Vodolazkine, Les Quatre vies d’Arséni, Fayard, 2015
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