Le débat de la semaine était très attendu. Certains avaient même organisé de se retrouver dans des bars pour y assister, comme pour un match du tournoi actuel des Six Nations. Au programme, un redoutable intellectuel, débatteur d’exception, contre l’égérie de Macron. Zemmour contre Schiappa.

Toute la bien-pensance n’avait pas manqué de tomber sur le dos de la pauvre Marlène, pour lui signifier qu’on ne pactisait pas avec le diable. Celle-ci, de son côté, savait qu’elle avait tout à gagner à débattre avec une telle tête d’affiche. D’ailleurs, elle pensait prendre peu de risques, puisqu’elle avait reconnu avant le débat que Zemmour était un homme courtois, et très agréable en privé. Effectivement, pendant le débat, il est resté affable et presque calme, ce qui relève du défi, devant le monceau de contre-vérités qu’il a dû endurer dans la bouche de son interlocutrice, qui ne fut pas une contradictrice : de contradiction, il n’y en eut pas vraiment, tant ses arguments étaient mal pensés et furieusement déconnectés du réel, au regard de la pensée de Zemmour, toujours ciselée et faisant mouche. De toute façon, les données étaient claires dès le départ : Zemmour a souligné qu’un débat libre n’est pas vraiment possible aujourd’hui, dans la mesure où tout propos jugé déviant par le système peut tomber sous le coup de la loi. Marlène Schiappa ne l’a pas contredit : « La discrimination, Monsieur Zemmour, n’est pas une opinion, mais un délit ». Fermez le ban.

Le plus terrible de cet entretien provient sans aucun doute du degré d’aveuglement dont a fait preuve le secrétaire d’Etat. Comment peut-on froidement et sans vergogne expliquer que Mohammed n’est pas un prénom islamique ? Comment peut-on nier le changement de population qui s’effectue sur des portions entières de notre territoire national ? Marlène Schiappa a également brillé par sa confusion mentale, dont elle n’est certes pas la seule à faire preuve dans sa caste. Mais Eric Zemmour est passé maître dans l’art de démasquer les nœuds de la pensée post-moderne, qui lutte contre la discrimination tout en prônant la discrimination positive, qui nie les races mais lutte contre le racisme, ou refuse le Grand Remplacement en citant des « théoriciens » qui le promeuvent ouvertement, comme Hervé Le Bras par exemple.

Sur le plateau de CNews, nous avons donc assisté à un tournoi de deux nations. Une nation française et fière d’elle-même, qui assiste à sa propre mort mais qui la refuse de tout son être, contre une nation internationalisée, vidée de sa substance, où les individus interchangeables, soumis à leurs fantaisies ou à leurs folies, valent plus que le legs sacré transmis par l’histoire longue. La France contre une nation « MacDo », selon la brillante expression de Zemmour, où l’on vient « comme on est », en se moquant éperdument de l’identité commune et des devoirs qu’elle implique. Deux nations ? Disons plutôt, les restes glorieux d’une nation, contre une idéologie déracinée qui, par définition, refuse de lire la réalité qui éclate bruyamment sous ses yeux. Comme le disait Charette, « leur patrie, ils l’ont dans le cerveau, nous l’avons sous nos pieds. » Sur le plan du débat des idées, la victoire est incontestablement du côté d’Eric Zemmour. Le problème est que le terrain politique, lui, est pour l’instant toujours tenu par les amis de Marlène Schiappa, et que seuls les détenteurs du pouvoir écrivent l’histoire, jusqu’à preuve du contraire.

François Billot de Lochner

Président de Liberté politique