Dimanche, les résultats des élections européennes seront suivis d’une succession de commentaires des personnalités des différentes formations politiques. Au cours de la soirée et surtout dans les semaines qui suivent devrait se dessiner une réorganisation du paysage politique.
Les guerres des droites
Et maintenant, dansez ! Les élections européennes ne seront probablement pas décisives pour notre avenir, elles pourraient en revanche être l’occasion d’une réorganisation du paysage politique.
À droite, l’ambiance délétère au sein du parti Reconquête ! pourrait pousser Marion Maréchal à quitter cette formation assez rapidement, quel que soit le résultat du scrutin. Pour créer un petit parti capable d’alliances multiples ou pour un retour au RN ? Probablement ne le sait-t-elle pas encore.
Chez Les Républicains, Francois-Xavier Bellamy a des ennemis et ceux-ci devraient profiter de son score probablement pas extraordinaire pour faire valoir une autre ligne et se positionner en vue de 2027 - avec pour certains, la perspective d’une alliance avec l’aile droite des macronistes.
Au Rassemblement national, la victoire promise à Jordan Bardella ne devrait pas empêcher des manœuvres internes. Le président du parti a des ennemis du côté de Perpignan, d’Hénin-Beaumont et dans les petits cercles souverainistes du parti. Ceux-ci pourraient se mettre en branle si une fenêtre de tir s’ouvraient à eux. Après la « Bardellamania » du printemps, les médias vont pousser pour une candidature de ce dernier en lieu et place de Marine Le Pen en 2027 et celle-ci ne devrait pas se laisser faire si l’imprudent venait à envisager une telle hypothèse. S’il a compris le fonctionnement du parti, le jeune eurodéputé pourrait se montrer patient et attendre son heure.
A gauche le jeu reste ouvert
À gauche, en cas de deuxième place pour la liste socialiste menée par Raphaël Glucksmann, l’espoir suscité pourrait rebattre les cartes. Le jeu sera compliqué car l’alliance « Nupes » initiée par les Insoumis a permis aux socialistes mais aussi aux communistes et aux écologistes d’exister lors des législatives de 2022. La ligne internationale de Glucksmann, résolument opposée à celle de LFI pourrait empêcher de reformer une telle alliance. La présence de deux courants bien distincts au PS avec schématiquement une ligne dure et une ligne plus centriste, présente notamment à la tête des régions et dans les grandes villes, pourrait faire imploser une nouvelle fois le parti à la rose. Quant aux écologistes, s’ils venaient à faire moins de 5% dimanche, ils se trouveraient plus que jamais tributaires d’alliances.
Quelle marge de manœuvre pour la majorité ?
La campagne calamiteuse de la candidate de la majorité Valérie Hayer n’est pas sans rappeler celle de Nathalie Loiseau il y a cinq ans. Cette dernière bénéficiait encore de la « fraîcheur » du macronisme. La concurrente de 2024, elle, pourrait se placer en dessous des concurrents socialistes qu’Emmanuel Macron avait pourtant fait imploser en 2017.
Reste qu’avec un score à deux chiffres, le macronisme dispose toujours d’une base électorale.
Il sera intéressant d’observer comment manœuvreront les cadres centristes à trois ans d’une élection présidentielle pour laquelle ils n’ont pas de candidat naturel.
Une main tendue à la droite LR pour tenter de disposer d’une majorité absolue pourrait être tentée. Des rumeurs envoyant Gérard Larcher à Matignon ces derniers jours pourraient avoir servi à jauger l’opinion dans ce sens. Difficile cependant d’imaginer LR céder aux sirènes macronistes après avoir résisté sept ans et surtout au moment où le président semble le plus contesté.
Dans tout l’échiquier politique, les plus malins et surtout les plus organisés devraient surtout se mettre en ordre de marche pour les élections municipales de 2026. Si l’implantation locale n’est pas indispensable pour l’emporter à une présidentielle, tenir des municipalités permet de quadriller le territoire et d’insuffler localement les principes pour lesquels les électeurs ont élu leurs maires.
Pour tout saisir des enjeux de ce scrutin, nous ne pouvons que vous encourager à lire le centième numéro de notre revue Liberté politique entièrement consacré aux élections européennes et disponible en libre accès à cette adresse.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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