Fête de la musique oblige, le titre de ce petit éditorial se met au diapason. Après avoir fait chanter les Français pendant sept longues années (chantage sanitaire, contraintes bruxelloises ou encore sa menace « moi ou le chaos »), Emmanuel Macron et sa majorité commencent à imploser. Si voir ces arrogants perdre leur mandat et revenir sur terre a quelque chose de satisfaisant, le résultat général est catastrophique. Nous avons eu Macron et le chaos.
Après la présidence Hollande, nous étions nombreux à nous dire qu’il serait difficile de faire pire. Emmanuel Macron a montré qu’il était à la hauteur pour relever ce défi. Il a certes été confronté à des événements politiques d’envergure comme la crise sanitaire et la guerre en Ukraine mais il a su, tout seul, se mettre à dos une large partie de la population comme les épisodes des Gilets Jaunes et des manifestations paysannes l’ont montré.
La suffisance abjecte de cette union des « traîtres de gauche et des traîtres de droite » comme l’avait dit Rachida Dati avant de marcher dans leurs pas, a fini par lasser. Emmanuel Macron et les siens ont néanmoins été très résistants et il aura fallu attendre sept longues années pour voir le président plonger là où François Hollande était parvenu à obtenir un niveau de popularité famélique en l’espace d’un an seulement.
Macron, une disparition programmée ?
Emmanuel Macron a aujourd’hui disparu de l’essentiel des affiches de campagne de son camp pour les législatives. Lui qui avait voulu personnifier les Européennes pour ou contre la guerre en Ukraine est rentré droit dans le mur. L’enjeu du scrutin a plus porté sur la sanction que les électeurs voulaient infliger aux siens. Sans être catastrophiques, les élections européennes ont confirmé l’érosion du vote Macron après le désaveu des législatives des 2022.
Que reste-t-il désormais pour Emmanuel Macron ? Il reste le Conseil constitutionnel évidemment mais si l’opinion varie vraiment, il pliera. En réalité, Emmanuel Macron a su écarter le PS et LR de la course au pouvoir au niveau national mais a aussi réussi l’exploit d’évacuer son propre camp.
Devrait émerger dans les mois ou les trois ans à venir un personnage de compromis pour éviter les fameux « extrêmes ». Les socialistes mais aussi les écologistes et les communistes vont rapidement se lasser de leurs alliés Insoumis. Quant à la droite LR, elle n’a vu aucun cadre d’importance (si ce n’est Éric Ciotti) piétiner le cordon sanitaire. Un président sur le retour pourrait se montrer rassurant pour l’électeur de gauche comme de droite et bénéficier d’une large couverture médiatique. Mais cette hypothèse « raisonnable » semble aujourd’hui mise en échec par le développement de médias qui ont quitté l’orbite de la gauche notamment à l’initiative de Vincent Bolloré.
Et maintenant pleurez !
Qu’on se satisfasse de l’éviction désormais assez probable d’Emmanuel Macron ne doit pas nous faire perdre de vue les temps difficiles qui attendent le pays. Le budget 2025 qui sera étudié à l’automne au Palais Bourbon pourrait nous donner un avant-goût du chaos économique à venir. L’absence, probable, d’oppositions disposant de la majorité absolue pourrait également provoquer un blocage des institutions et semer le désordre même si se glisse ici l’hypothèse d’un gouvernement technique qui gère les affaires courantes - probablement la perspective la plus rassurante pour le pays.
Les oppositions qui sont aujourd’hui en mesure de l’emporter : la coalition de gauche et le RN ne sont pas prêtes pour gouverner et ont laissé croire à des lendemains qui chantent alors qu’en réalité, les temps vont être durs. Et même si le RN mettait en place une véritable politique de lutte contre l’immigration et en faveur du protectionnisme, il devra faire face à des résistances qu’il n’est pas armé pour combattre aujourd’hui.
S’il ne convient pas de céder à la morosité, il s’agit de constater froidement la situation du pays, qui est déplorable, et d’envisager la qualité du personnel politique disponible, qui ne l’est pas moins. Une seule voie pour s’en sortir : travail et humilité, tout l’inverse des sept années Macron.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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