Il est difficile, à l’heure qu’il est, de savoir à quoi ressemblera la prochaine législature. Le plus vraisemblable est que la majorité absolue revienne à un vaste parti centriste, allant de Manuel Valls à Alain Juppé, en passant par les élus Modem, UDI et « En Marche ». Mais le dosage au sein de cette majorité est, à ce jour, assez flou.

Ne serait-ce que parce que « En Marche » rebat les cartes et que bon nombre de ses élus seront, en réalité, d’anciens élus PS ou LR. Il faudra donc regarder, nom par nom, qui arrive au Palais Bourbon pour savoir qui du centre-droit ou du centre-gauche y sera majoritaire.

Le président devrait, en tout cas, avoir les mains libres pour mener ses réformes – dont nous ne savons pas grand-chose non plus !

Mais, en attendant d’y voir plus clair, force est de constater que la France manque cruellement d’une vraie droite de gouvernement.

Les électeurs de droite ont, en effet, le choix entre une droite apte au gouvernement, mais honteuse de ses valeurs – ou plutôt celles de ses électeurs – et une droite inapte à gouverner.

C’est ainsi que François Fillon, après avoir créé la surprise aux primaires, a délibérément « oublié » le pan civilisationnel de son programme (le rejet du totalitarisme islamique, la défense de la famille traditionnelle, etc.), pour ne plus se concentrer que sur les réformes économiques et sociales.

Même si je partageais une bonne partie de son positionnement en ce domaine, occulter la moitié de son programme au motif que la presse bien-pensante la réprouve est un signe particulièrement inquiétant d’absence de courage politique – ou d’absence de conviction.

D’un autre côté, l’électeur de droite peut aussi voter pour le FN. Mais, là, il ne semble pas que les équipes soient prêtes à gouverner. La calamiteuse intervention de Marine Le Pen, lors du débat de l’entre-deux tours, a manifesté une sorte de « j’men foutisme », ou d’amateurisme, aussi inquiétante que l’absence de courage (ou de conviction) de François Fillon.

En sorte que tout se passe comme si les seuls capables de gouverner pour faire avancer leurs idées étaient les élus de gauche. Ce que confirmait l’« ouverture à gauche » de Nicolas Sarkozy.

D’ailleurs, la gauche a remporté une importante bataille idéologique en soumettant toutes les questions politiques à un économisme inhumain. La focalisation de Marine Le Pen sur la question monétaire et la focalisation de François Fillon sur son programme économique montrent que ce matérialisme, originellement de gauche (et même marxiste), a gagné les « représentants » de la droite (qui représentent si mal les électeurs de droite).

Il est assez paradoxal que les utopistes de gauche soient plus qualifiés que la droite pour gouverner. Mais l’urgence est clairement de trouver des personnes à la fois compétentes et courageuses. Idéalement en les prenant hors des partis.

Guillaume de Thieulloy