Inutile de nous bercer de remarques lénifiantes : le premier tour des élections législatives confirme que la droite française est entrée dans une spirale infernale de déclin et, par conséquent, la France accumule les mauvaises nouvelles électorales. Car, si nous sommes électeurs de droite, ce n’est pas par esprit de parti, mais parce que nous jugeons – avec de solides raisons à l’appui – que la gauche est néfaste pour le pays.

D’une certaine façon, nous sommes tous un peu « KO debout »: après une longue et lassante campagne commencée à l’été dernier, pour préparer une élection présidentielle annoncée « imperdable », la droite va probablement enregistrer l’un de ses plus mauvais scores aux législatives.

Il était déjà remarquable qu’au premier tour de la présidentielle, le candidat de la « droite de gouvernement» n’ait réuni que 15 % des inscrits, alors que, voici 50 ans, les deux qualifiés pour le second tour appartenaient tous deux à cette droite de gouvernement et que le vainqueur, Georges Pompidou, avait réuni sur son nom 44,5 % des suffrages exprimés et près d’un tiers des électeurs inscrits. Mais, si l’on se fie aux projections en sièges, la coalition LR- UDI devrait avoir autour de 100 sièges, soit deux fois moins que l’UMP seule après la défaite de 2012 et moins que la coalition RPR-UDF après la bérézina de 1981 !

De son côté, le FN ne devrait pas être en mesure de constituer un groupe parlementaire – alors que certains de ses cadres avaient évoqué plus de 50, et même pour certains utopistes, jusqu’à 100 sièges.

Bref, de quelque côté que l’on regarde, il s’agit d’une défaite historique pour la droite. Certes, la nouvelle majorité devrait nous apporter quelques consolations. D’abord, elle a fait disparaître quelques caciques du PS – de Jean-Christophe Cambadélis à Jean Glavany, en passant par Patrick Menucci. Et ce phénomène devrait s’amplifier au 2e tour. Ensuite, et surtout, on peut espérer que cette majorité sociale-démocrate entreprenne un certain nombre de réformes que la droite pusillanime a toujours abandonnées.

Il n’en reste pas moins que la gauche l’emporte. Ce qui est notamment inquiétant en matière d’immigration, d’insécurité, ou de fiscalité. Tous les yeux sont désormais braqués sur la recomposition de la droite.

Ni LR, ni le FN ne vont sortir indemnes de cette défaite. Les divergences idéologiques qui traversent les deux partis vont se cristalliser à la faveur des congrès à venir (à l’automne pour LR, au début de 2018 pour le FN). Ce qui a manqué, c’est à la fois la fermeté des convictions, l’énergie pour la campagne et le sérieux pour le gouvernement. Dès maintenant, il faut se remettre à l’ouvrage – sans attendre que les cadres des partis de droite se réveillent, puisqu’ ils sont largement responsables de cette défaite inédite. La droite ne gagnera, en tout cas, que si elle se bat sérieusement pour ses idées et prépare un projet de gouvernement (et non un brouillon démagogique et incohérent !) promouvant l’identité française (et luttant contre le multiculturalisme et l’immigration de masse), les libertés (contre le fiscalisme, le jacobinisme et les innombrables lois liberticides), un État fort dans ses missions régaliennes et laissant la société s’organiser pour tout le reste...

Sur le plan des principes, nous savons bien ce qu’il faut à la France. Il nous reste à en faire un projet de gouvernement acceptable et à trouver, non pas un homme providentiel, mais une équipe nombreuse de personnes de qualité, pour le porter avec courage et conviction."

Guillaume de Thieulloy