Ainsi, l’article 1er de la loi dite de bioéthique, instaurant la « PMA pour toutes », aura été voté par 66 voix sur un total de 577 députés. Du côté de l’opposition, seuls 17 Républicains ont voté contre : 17 sur 103… Manifestement, ce sujet, aussi fondamental soit-il,  ne passionne pas nos bons députés ! Tristesse et consternation, mais pouvons-nous sérieusement nous en étonner ?

Lundi dernier, les députés LREM devisaient allègrement autour de petits fours et de canapés au saumon, à la demande d’Emmanuel Macron, pendant qu’on les attendait pour l’ouverture des discussions autour du projet de loi à l’Assemblée nationale. Seuls deux députés du parti gouvernemental étaient présents. Camouflet, mépris absolu pour le débat démocratique ? Certainement, mais il faut voir plus loin. Le prétendu camouflet d’Emmanuel Macron, officiellement en mission « cocktail pour tous les miens », n’en est pas un : Macron se moque éperdument de ce débat, puisque ce projet de loi est une promesse de campagne. Il est tributaire d’une anthropologie fondamentalement de gauche, il va jusqu’au bout par progressisme, et peu lui importe les voix discordantes, car il n’y a pas vraiment d’opposition, ou tout du moins, celle qui existe ne lui fait pas peur. Les anti-PMA, combien de divisions, pour paraphraser Staline ?

Revenons aux Républicains : il s’est donc trouvé seulement 17 députés pour sauver l’honneur, et pour se mobiliser contre un projet dont on nous dit sans cesse, dans les cercles convaincus de droite, à juste titre d‘ailleurs, qu’il entraîne un bouleversement anthropologique sans précédent. Comment croire, dans ces conditions, que ce parti estime la question de la loi de bioéthique « fondamentale », puisqu’il ne se mobilise pas, en tant que parti d’opposition, sur ce sujet ? Julien Aubert se démène comme un beau diable à l’Assemblée nationale, François-Xavier Bellamy passe du temps à ciseler de jolies tribunes pour la presse, mais quel intérêt tout cela a-t-il ? Ces hommes sont des électrons libres : ils présentent leur position personnelle, ils la soignent et la bichonnent, mais il n’y a aucun mouvement de fond. Pas de position « officielle » du parti des Républicains. Sur le site dudit parti, si nous nous amusons à taper « bioéthique » dans le moteur de recherche, nous aurons la joie de constater que la dernière communication sur le sujet, due à Bruno Retailleau, remonte au… 7 février, bien avant le début du confinement ! Voilà ce qui s’appelle une communication brûlante sur une actualité brûlante… Nous cherchons en vain la détermination sans faille qu’appelle un tel sujet.

Ailleurs, ce n’est guère mieux. Un communiqué du 1er juillet de La Manif pour tous pointe du doigt le cynisme présidentiel qui profite du contexte de restrictions sanitaires empêchant toute manifestation. Si nous comprenons bien, une action de résistance, puissante et déterminée, doit faire l’objet d’une demande d’autorisation à la Préfecture de Paris ? Le comité des délinquants Traoré, ou les associations de clandestins, n’ont pas ce genre de coquetterie : quand ils veulent manifester, ils manifestent. Pourquoi s’en priver ? D’autant que feu Castaner nous a donné les clés pour agir : l’émotion, désormais, prime sur la distanciation sociale.

Inutile de redire une nouvelle fois que ce projet de loi est inique et scandaleux, qu’il est un chambardement métaphysique sans précédent : nous l’avons maintes fois dit et redit, depuis des mois. Aujourd’hui, la seule vraie question est la suivante :  qui s’engage, dès maintenant, à abroger cette loi une fois au pouvoir ? Qui est prêt, aujourd’hui et maintenant, à assumer politiquement qu’un retour en arrière est possible sur les sujet sociétaux, et qu’il faut briser la malédiction des lois mortifères des cinquante dernières années sur lesquelles nul n’ose jamais revenir ? Au moment où tous s’apprêtent à fourbir les armes pour 2022, voilà une question qui mérite d’être posée pour aider au véritable discernement.

La bourgeoisie de droite, et aux premiers de ses rangs les maigres bataillons de catholiques, semble s’offusquer aujourd’hui des dérives sociétales actuelles. Cela dit, ne votera-t-elle pas Macron en 2022 s’il faut « faire barrage au Rassemblement national » ? Dans ces conditions, Macron et ses affidés peuvent déguster leurs petits fours en toute tranquillité : ce n’est pas de cette partie des électeurs que viendra la déstabilisation de leur pouvoir déconstructeur.

François Billot de Lochner