Législatives : le scénario du centre gauche

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron au soir du scrutin européen du 9 juin, les hypothèses vont bon train sur l’identité du prochain Premier ministre.

Si un succès à la majorité absolue pour le Rassemblement National est envisagé par certains, une pareille victoire du bloc des gauches paraît illusoire. En revanche, une large coalition du centre et de la gauche n’est pas complètement à exclure.

Une nuit des petits canifs à gauche ?

 

Le « Nouveau Front Populaire » qui a succédé à la Nupes est plus large que celle-ci. Des éléments récalcitrants à l’alliance en 2022 ont rejoint ses rangs à l’image de la présidente de la région Occitanie Carole Delga. François Hollande a lui aussi donné sa bénédiction à ce front uni et se présente même comme député !

Le ralliement de personnalités moins gauchères élargit le socle électoral de l’union des gauches et met à sa disposition un panel de profils pour d’hypothétiques ministères. Cependant cet élargissement constitue une véritable menace pour les Insoumis et de vives tensions ont cours entre « modérés » et « radicaux » à l’image des déclarations hostiles de François Hollande et Raphaël Glucksmann contre Jean-Luc Mélenchon mais aussi au sein des mouvances les plus extrémistes comme l’illustrent les passes d’arme entre le député Ruffin, apparenté LFI, et les cadres mélenchoniste du parti. Les « purges » contre des éléments contestataires à l’hégémonie du père fondateur ont eu pour résultat d’évincer Alexis Corbière et Raquel Garrido mais aussi Danielle Simonnet.

 

Vers un coup d’Etat de la CFDT ?

 

Le procès en antisémitisme intenté à la gauche Insoumise pourra servir de prétexte à écarter les encombrants mélenchonnistes en temps voulu. Le parti fait dans le tapinage électoral communautaire de manière intensive et souvent grossière depuis plusieurs mois en profitant du drame qui se joue en Palestine.

LFI a par ailleurs un moins grand nombre de candidats investis qu’en 2022, rééquilibrage oblige, avec le PS qui a réussi un bon score aux européennes. Si le nombre de sièges du Nouveau Front Populaire hors Insoumis et celui du centre macroniste et des députés de libertés et territoires constitue une majorité, il sera possible pour ce bloc hétéroclite de former une sorte de majorité d’union nationale pour priver le RN de gouvernement. Les communistes pourraient ainsi négocier un soutien sans participation pour rejouer le coup de 1936, et le centre gauche, revitalisé, pourrait alors diriger le pays.

Le président pourrait, dans ce cas de figure, composer avec un gouvernement plutôt favorable. Raphaël Glucksmann avait ainsi évoqué le nom de l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger. Emmanuel Macron pourrait très bien s’en accommoder lui qui a souvent envisagé d’intégrer l’ancienne secrétaire générale du même syndicat Nicole Notat à ses équipes gouvernementales.

 

Tout cela relève bien sûr de la prospective. Vu le niveau d’incertitude dans lequel Emmanuel Macron a plongé le pays, il convient néanmoins d’envisager toutes les pistes possibles en espérant que le moins pire advienne, c’est-à-dire un gouvernement technique.  

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique