Source [Causeur] : Les écrivains dits “de droite” ne privilégient le beau style – qu’il soit classique ou d’avant-garde – que pour masquer leurs idées réactionnaires détestables. Telle est la thèse d’une nouvelle étude critique qui n’hésite pas à mettre Causeur dans le même sac pour avoir rendu “cool” le mot “réac”. On assume ! Le compte-rendu de Frédéric Magellan.
En cette rentrée 2022, Vincent Berthelier sort un gros ouvrage sérieux, Le style réactionnaire (Editions Amsterdam). L’auteur balaye un long vingtième siècle, de Maurras à Houellebecq (c’est le sous-titre un peu provocateur du livre), en passant par Bernanos, Drieu La Rochelle, les Hussards et Renaud Camus. Un long siècle au cours duquel les écrivains de droite et d’extrême-droite auront tâtonné entre défense farouche d’un classicisme désuet et tentatives avant-gardistes, entre grand style et tentations potaches, entre passion pour l’ordre et goût pour la vitupération.
On peut se demander si ce sujet ne passionnera pas d’abord les gens très à droite (toujours soucieux qu’on parle un peu d’eux) et quelques personnes très à gauche, ceux qui aiment à regarder de temps en temps au microscope les bêtes effrayantes qui peuplent la rive d’en face. L’auteur, qui a paru moins agacé par les dérives wokistes que son hôte lors de son passage le samedi 1er octobre dans l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut, semble être l’un de ces entomologistes, un peu froid, ne marquant pas une énorme empathie pour les personnages qui traversent son ouvrage. Il est vrai que beaucoup d’entre eux se sont fourvoyés politiquement – ah, si seulement il était impossible de faire le même reproche à bon nombre d’écrivains de gauche de la même époque.
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