Source [Le Figaro] Alors que la guerre s'intensifie en Ukraine, des couples français s'épanchent dans la presse sur leur inquiétude à pouvoir mener à bien leur projet de GPA en Ukraine. La journaliste et essayiste, Céline Revel-Dumas, dénonce l'indécence de ces revendications.
Formée en histoire et en philosophie et diplômée de l'Essec, Céline Revel-Dumas est journaliste. Elle est l'auteure de GPA, Le Grand Bluff paru le 16 septembre aux Éditions du Cerf.
La guerre est si monstrueuse qu'elle jette à la face des hommes ce qu'ils supportent le moins du monde : la vérité. Ce week-end, contre toute attente, la gestation pour autrui a révélé son véritable visage. Celui d'un opportunisme commercial insensé satisfait par un égoïsme aveugle. Alors que le monde voit le peuple ukrainien résister contre l'envahisseur russe, que Kiev est assiégée par les chars, que des civils fuient ou s'enterrent dans des abris de fortune, deux femmes françaises bloquées en Ukraine et attendant la naissance d'enfants nés de GPA apparaissent, elles, tout sourire sur BFMTV et LCI. Leur «gros problème», selon leurs mots : «Toutes les administrations fonctionnent au ralenti, voir pas du tout», déclare l'une d'elles. Les deux femmes en appellent au gouvernement français pour être rapatriées avec «leur bébé», le plus vite possible. Les deux femmes pensent «à tous les Français, à toutes mamans et tous les papas qui sont eux en France et qui vont avoir leur naissance dans quelques jours (…) et qui ne pourront pas récupérer leur bébé». Alors même que l'armée russe sème la mort, ces deux Françaises pensent aux couples qui ne pourront pas récupérer l'enfant prévu. Indécence.
Dans le même temps, des cliniques de GPA du pays s'acharnent à continuer leur business. «Make babies, not war» «Faites des bébés, pas la guerre» publie sur les réseaux sociaux la plus lucrative d'entre elles, BioTexCom, qui assure continuer son activité malgré le conflit. «Nous sommes immensément reconnaissants aux patients qui restent avec nous et viennent à Kiev pour leurs premières consultations, ceux confirmant le transfert d'embryons, et ceux qui encouragent nos managers». Une autre clinique, Feskov, propose, elle, de faire accoucher les «mères porteuses» dans d'autres pays et assure ses clients de la continuité de ses «programmes» dont l'un prévoit de «garantir légalement à 100 % la naissance d'un enfant en bonne santé» grâce au tri d'embryons. Le choix du sexe est offert par la maison. Cynisme.
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