Macron victime de l'hubris

Macron représente la parfaite victime de l'hubris, cet orgueil démesuré que les Grecs ont tant de fois dénoncé chez les grands de ce monde. Une analyse de Jérôme Leroy pour Causeur.

Même lors de son allocution, Emmanuel Macron n’a pas esquissé l’ombre d’une autocritique, faisant passer ses erreurs d’appréciations pour autant de victoires. La faute à ce que les Grecs anciens appelaient, avec inquiétude, l’hubris.

Rarement on aura vu un homme d’État représenter à ce point cette vieille notion grecque de l’hubris. S’il est impossible de traduire exactement l’hubris, -« démesure » est juste mais n’en épuise pas le sens-, c’est parce que ce mot n’a pas d’équivalent : il désigne un ensemble de comportements, en même temps qu’une psychologie, qui aboutissent à des catastrophes pour celui qui en est possédé, mais aussi pour tous ceux qui l’entourent…

L’hubris finit par vous rendre sincère dans le déni

L’hubris, c’est le joueur qui refuse de se retirer après avoir déjà beaucoup gagné. C’est là-dessus que misent les tenanciers de casino, d’ailleurs, pour ruiner le joueur à la fin. Rappelons que l’indécent Macron a parlé ou a laissé dire qu’il s’agissait d’un « pari » de ne pas reconfiner. Un pari en matière de santé publique ? Pourquoi pas un pari sur le nombre de morts la semaine prochaine, avec tickets à retirer auprès de la Française des jeux ? Hier soir, comme un aveu implicite, il a évidemment dit… qu’il n’avait jamais parlé de pari. Quant au totem des écoles, autour duquel Blanquer a dansé la grande danse du déni pour parler de la circulation du virus, Macron l’a fait tomber hier soir. Ce n’est pas avant le 3 mai que tous les élèves, de la maternelle au lycée, retrouveront, en théorie, leurs salles de classe. Mais n’imaginez pas que ce soit une défaite du président : c’est plutôt, comme disait l’état-major en mai 40, « une retraite stratégique » quand il fallait cacher une débâcle totale.

Macron croit-il à ce qu’il dit ?

Alors, la question qui se pose, pour notre propre sécurité de citoyens, c’est : Macron croit-il à ce qu’il dit ? C’est hélas très probable : l’hubris, encore elle, est aussi une auto-intoxication. À vrai dire, Macron n’aurait jamais dû être président dans le cadre de la Vème république, ivre des pouvoirs que lui donne une constitution devenue décidément obsolète, avec une parole attendue religieusement à 20 heures, commentée inlassablement deux jours avant et deux jours après. Il faudrait avoir des nerfs d’acier pour ne pas se laisser griser par ce pouvoir immense et ce n’est pas le cas de Macron, qui est souvent incapable de se contrôler, comme il le montre périodiquement par des saillies qui trahissent, malgré lui, son mépris de classe.

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