Source [Boulevard Voltaire] Depuis le 1er round des manifestations, l’examen de la composition populaire des cortèges des gilets jaunes révèle une réalité que le pouvoir s’emploie à camoufler et à interdire de citer : la presque inexistence des immigrés.
Pourtant, leur intégration est un enjeu capital pour le développement de la lutte des classes unitaire ou sa paralysie. Les pays anglo-saxons, et notamment les États-Unis, ont fait de l’immigration la plus formidable arme engagée contre l’unité populaire et le maintien du statu quo social.
À chaud : 13e round des gilets jaunes boulevard Saint-Germain.
Je rencontre des jeunes qui détruisent des Abribus® et des vitrines d’agences bancaires qui n’ont pas été protégées. Même la MAIF, mutuelle d’assurance des enseignants qui fonctionne partiellement avec des bénévoles, n’a pas été épargnée.
J’ai tenté de leur faire entendre raison ; ils ne connaissent pas la MAIF ! Ils en ont après les banques ! Ce mouvement a tout à apprendre. Les anciens de Mai 68 ne sont pas nombreux et, de toute façon, quasi inaudibles.
Quant aux Français issus de l’immigration, ils brillent par leur absence : ça en dit long sur leur implication dans la société et ses luttes sociales. Les fameuses minorités invisibles le sont vraiment ici : nos prétendues « chances pour la France » le sont sûrement pour le pouvoir, qu’elles n’ont pas l’air de contester beaucoup.
Dans les années 60-70, c’étaient des groupes organisés et compacts qui défilaient avec la CGT, notamment les travailleurs algériens de l’automobile. Époque révolue. Les organisations communautaires n’ont – à ma connaissance – pas pris position vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes et encore moins appelé à le rejoindre. Quelques organisations minoritaires, comme la Ligue de défense noire africaine, Les Amis du CRIF ou Kalifat, se sont même montrées hostiles.
Le silence des uns et l’hostilité des autres (ardents défenseurs des politiques migratoires) expriment la victoire du MEDEF et des immigrationnistes, dont les efforts pour diviser les Français ont porté leurs fruits.
Que penser des absents ? Désintérêt pour les luttes sociales unitaires et repli sur leurs revendications identitaires ? Solidarité passive, voire complicité avec un pouvoir aux ordres du patronat qui profite de l’immigration de masse pour accroître le chômage afin de baisser les salaires et d’enrayer la baisse tendancielle du taux de profit (cf. Patrick Artus, « Karl Marx is back », La Documentation française) ?
On voit bien le danger des conséquences de l’immigration, qui produit l’isolement communautaire, la fracture du peuple français et l’affaiblissement relatif des luttes revendicatives.
Au moment où l’on observe une alliance, dans la rue, du nouveau prolétariat et de la nouvelle petite bourgeoisie, les Français d origine immigrée rompent l’unité populaire.
La prochaine étape sera-t-elle l’instrumentalisation des absents pour des affrontements communautaires ?
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