Le déclin anthropologique, un sujet majeur abordé par l’Institut Iliade lors de son colloque annuel

Source [Institut Iliade] : La seule alternative à la barbarie et à la domestication qui nous guettent consiste à vivre authentiquement en Européens.

Samedi 15 avril avait lieu le Xe colloque de l’Institut Iliade : « Face au déclin anthropologique, vivre en Européen ». Au programme de cet événement qui a rencontré un très grand succès, les dangers qui guettent l’homme européen, mais aussi les solutions pour se relever.

Jean-Yves Le Gallou ouvrait la journée, suivi d’Anne Trewby qui est revenue sur l’artificialisation croissante de nos modes de vie portée par des politiques transhumanistes. L’intervenante a tenu à réfuter l’aspect inexorable de cette marche vers le déclin anthropologique en rappelant que la nature humaine ne pourrait jamais être abolie, et que nous pouvions insuffler aux techniques la direction que nous souhaitions, voire refuser certaines techniques aux conséquences dévastatrices comme ont pu le faire d’autres civilisations avant nous. De son côté, Baptiste Rappin a évoqué les risques d’une société dans laquelle le manager se substitue à l’homme politique, cherchant à « enrôler le désir de ses employés » afin qu’ils épousent les buts de l’entreprise, quitte à mettre en place une « réorganisation de la cognition humaine ». Dans une communauté où la poursuite absolue de la performance est devenue le maître étalon, toutes nos valeurs sont nécessairement soumises à cette finalité.

Hubert Calmettes a souhaité partager avec son auditoire sa vision de l’Europe en 2028… si nous nous soumettions définitivement à la technique : il s’agit d’une société où les capacités cognitives ont régressé, où l’exercice de la lecture est devenu difficile, où les « cyberpsychiatres » gèrent les pathologies mentales issues de la surexposition aux écrans, où les intelligences artificielles remplacent nos relations humaines. Face à l’altération de notre esthétique, de notre affect, de nos opinions politiques et de nos comportements, il préconise de redonner son importance à l’esprit critique, aux efforts de concentration et de mémoire, à la lecture, à la confrontation des idées. Il souhaite également valoriser le rôle des parents afin qu’ils évitent à leurs enfants la consommation de contenu inapproprié pour leur santé mentale. Afin que l’homme ne se laisse pas dépasser par la technique, il évoque enfin la création de nouveaux métiers dans le domaine virtuel afin de dominer nos nouveaux outils technologiques.

Dans son intervention, Fabien Niezgoda a souhaité mettre en garde contre « le piège de la quantité », qu’il oppose à « la solution de la qualité ». Dans leur histoire, même quand les Européens ont été minoritaires par rapport au reste du monde, ils ont su résister aux menaces extérieures grâce à l’affirmation de soi et à la culture de l’excellence. À travers la pensée des auteurs antiques, il rappelle que, si un minimum d’hommes est nécessaire à la vie d’une cité, une limite doit aussi être posée afin de conserver une familiarité entre membres d’une même communauté. Après quoi, Julien Rochedy est intervenu sur la dégénérescence de l’homme. Pour lui, l’absence d’espace, la surindustrialisation et l’abondance ont des conséquences biologiques sur notre comportement : nihilisme, lassitude de vivre, refus de la reproduction, refus des inégalités pourtant inhérentes à tous les êtres humains, refus de défendre notre espace propre. Cependant, nous conservons le choix de refuser ce déclin par la recherche de l’ordre, de la beauté et de l’excellence.

Pour Pierluigi Locchi, nous sommes à un tournant entre deux époques. Notre longue mémoire européenne nous dit que nous avons déjà connu cette période et que nous en sommes sortis vainqueurs : c’est du bouleversement de la révolution néolithique qu’est née notre civilisation. Et contrairement aux nostalgiques du progrès, nous devons être de ceux qui voient dans ce tournant, l’opportunité d’une régénérescence de notre civilisation. Comme l’écrivait Holderlin, « là où croit le danger, croit aussi ce qui sauve », pour autant que les Européens retrouvent dans leur passé revisité, les traces de cette renaissance. Le déclin anthropologique, selon Lionel Rondouin, ne restera pas éternellement confiné à la sphère privée, et aura très certainement des conséquences sur la sphère publique, avec la perspective d’un effondrement. Cependant, la longue durée du processus en cours nous permet d’anticiper et de nous préparer. Cette préparation passe d’abord par un refus du confort intellectuel. Elle passe également par l’acceptation du monde post-moderne qui se prépare. Enfin il s’agit d’apprendre à être autonomes, tout en cultivant l’entraide entre membres d’une même communauté afin de s’inscrire dans la durée. En effet, dans l’avenir qui se prépare, il nous faudra une diversité de savoirs, mais aussi de savoir-faire et de savoir-être. Par la suite, Mariano Bizzarri a mis en garde contre la « théologie » du transhumanisme dans laquelle la science est vue comme une religion alors qu’elle ne peut pas rendre compte de tout. Il appelle à tirer profit des « réservoirs inexplorés de la nature » et à la redécouverte des procédés utilisés par nos anciens dans la médecine à l’image d’Hyppocrate ou d’Hildegarde de Bingen.

La journée s’est poursuivie avec l’intervention d’Audrey d’Aguanno qui a souhaité remettre en valeur des modèles forts, à l’image de Jeanne d’Arc, de La Rochejaquelein ou de Cornelia, fille de Scipion. Ceux-ci doivent nous permettre de reprendre en main le fil de notre destin et de cultiver les vertus telles que la droiture, le sens de l’honneur, de dévouement, le courage et la volonté. Après quoi, l’exposé de José Javier Esparza s’est concentré sur notre principale mission qui consiste à « nous raconter sans cesse, nous-mêmes » dans le but de transmettre les points forts de notre identité. Ceux-ci nous permettront de reconstituer la forteresse Europe, et de multiplier les espaces de résistance afin d’amorcer la reconquête de notre civilisation. Là où Olivier Rey a souhaité avertir sur la disparition des barrières morales et éthiques dont l’aboutissement pourrait être le puçage des cerveaux, Adriano Scianca a affirmé qu’il fallait combattre la peur de certains de nos contemporains pour le transhumanisme, qu’il ne s’agissait pas de condamner fondamentalement, mais de savoir ce qu’il était souhaitable ou non de conserver, afin de « chevaucher le tigre » selon la formule de Julius Evola. La journée s’est conclue avec l’intervention de Georges Guiscard, porte-parole de l’Institut Iliade, qui a confirmé que la seule alternative à la barbarie et à la domestication qui nous guettent consistait à vivre authentiquement en Européens.

Retrouver l'intégralité de l'article en cliquant ici