Le coronavirus, ou la fin d’un monde

Source [Le blog benoit-et-moi.fr] Comment le coronavirus a coulé l’UE et la gauche conformiste.

Antonio Socci
(Libero, 15 mars 2020)

Il y a foule sur la route de Damas, ces jours-ci, ironise Antonio Socci (et pas seulement en Italie!!). Les gouvernants, faiseurs d’opinion et autres « décideurs » découvrent tout à coup que le modèle sociétal, économique et politique dont ils étaient les promoteurs est en train de s’écrouler, et qu’après des décennies de déconnexion de la réalité, le moment est venu de passer à la caisse. Mais ils ne sont pas prêts à admettre leurs erreurs.

t maintenant tous d’invoquer la chaleur pour vaincre le virus (et au temps pour Greta et la peur du réchauffement climatique). Maintenant, tous portent des masques et des gants (et vive le plastique des équipements sanitaires).

Maintenant tous répètent « Je reste à la maison » après avoir professé le nomadisme mondial et avoir agité le slogan « Milano non si ferma » Milan ne s’arrête pas) pour lutter contre la panique (allusion à un spot du maire de Milan Beppe Sala sur sa page Facebook ). Maintenant, tous s’alarment après avoir traité d’ « alarmiste », qui « fomente la peur », le « méchant » Salvini qui, depuis janvier, demande la fermeture des frontières et le contrôle à la descente d’avion pour ceux qui arrivent de Chine.

Maintenant, tous jettent feu et flammes contre ceux qui se promènent seuls dans un parc après avoir proclamé pendant des semaines « embrassez un Chinois » contre la peur et le terrorisme psychologique (l’urgence était le racisme anti-chinois).

Maintenant, tous brandissent le drapeau tricolore, exaltent le patriotisme et chantent l’hymne national, après avoir accusé ceux qui ont dit « les Italiens d’abord » et demandé de défendre notre intérêt national en Europe et de ne pas se laisser marcher dessus.

Maintenant, tous exaltent notre système de santé et se plaignent du manque de moyens et de structures, alors que pendant des années, il a succombé sous les coupes et l’austérité européennes en tant que « gaspillage ». Maintenant, tous critiquent Madame Lagarde pour ses déclarations assassines, après avoir exalté sans critique les institutions européennes pendant des décennies et leur avoir cédé notre souveraineté.

Maintenant, tous proclament que l’Europe ne doit pas nous faire obstacle après avoir accepté que l’UE mette notre économie à genoux pendant vingt ans. Maintenant, tous disent que l’augmentation du déficit n’est plus un problème et que nous devons suspendre le pacte de stabilité, après avoir crié pendant des mois contre ceux qui voulaient dépasser le déficit de 0,2 % pour aider l’économie italienne.

Maintenant, tous disent que la dette publique n’est plus un problème non plus, car les dépenses publiques sont nécessaires pour soutenir les structures de santé et sortir de l’urgence. Maintenant, tous érigent des murs aux frontières après avoir tonné contre les murs et les frontières pendant des années, les condamnant comme étant inutiles et un signe de xénophobie.

Maintenant, tous font des contrôles sur ceux qui arrivent de l’étranger après que chez nous, les gouverneurs du Nord aient été moqués pour avoir demandé en temps voulu – le 3 février – la mise en quarantaine de ceux qui reviennent de Chine. Maintenant, tous exaltent la « réponse italienne au virus » alors que pendant des années ils ont répété qu’il fallait des réponses mondiales.

La route de Damas est très fréquentée ces jours-ci. Mais tous ces gens qui sont tombés de leurs chevaux, vous pouvez en être sûr, diront qu’ils ne sont pas tombés du tout, qu’ils voulaient descendre. Et qu’ils n’ont pas été frappés par la foudre au contraire, ce sont eux qui éclairent le monde.

Et le petit Churchill du Tavoliere (région des Pouilles dont est originaire le premier ministre Giuseppe Conte) sera encore acclamé par le « Corriere della sera » comme le sauveur de la patrie, tandis qu’il traduira en décret – mais tardif et mauvais – les propositions du centre-droit.