La pandémie : un Tchernobyl chinois ?

Source [Le Figaro] Pour le géopolitologue, le débat sur l’origine du virus reste ouvert et la question de la responsabilité des autorités chinoises demeure légitime. 

LE FIGARO. - Un an après la propagation planétaire du coronavirus, qui a déjà fait 2,5 millions de morts et provoqué une crise économique majeure, tout le monde semble avoir oublié l’origine chinoise du virus. Comment se fait-il que personne ne demande de comptes à Pékin?

François HEISBOURG. - Parce qu’on a laissé la Chine bâtir son narratif, celui d’une gestion triomphale du virus, qui tranche avec la décadence supposée de l’Occident - sans lui apporter la moindre contradiction. En laissant s’installer ce discours, en nous abstenant de toute réaction, on a permis à la Chine d’être quitte de la question de sa responsabilité initiale.

Cette responsabilité initiale de la Chine n’est-elle pas pourtant évidente et majeure?

Les Chinois en sont tellement conscients qu’ils ont fait deux choses pour tenter de l’effacer. D’abord, ils ont mis en scène leur «gestion exemplaire» de la pandémie de manière très bruyante, afin d’éviter que l’on s’intéresse au régime. Et puis ils ont puni sévèrement les pays qui réclamaient une enquête internationale impartiale, composée des meilleurs experts. L’Australie, qui avait insisté sur cette nécessité de transparence, s’est vu imposer des sanctions économiques et le blocage de ses importations. Les autres pays en ont tiré la conclusion qu’il fallait rester discret… On trouve donc naturel que la Chine attende un an pour autoriser, en janvier 2021, une équipe de l’OMS à se rendre enfin à Wuhan, où elle n’a pas eu accès aux données demandées. L’équipe a en outre été composée de manière opaque, non pas d’experts désignés par la communauté internationale, mais de membres choisis entre les autorités chinoises et l’OMS, qui elle-même n’a pas été très claire dans son attitude vis-à-vis des autorités chinoises pendant la gestion de l’épidémie.

Finalement, il n’y a qu’un seul dirigeant qui, lorsqu’il évoquait le Covid-19, parlait du «virus chinois», c’est Donald Trump…

Oui, et comme il n’était plus pris au sérieux par le reste de la communauté internationale, notamment pour le mépris qu’il avait, sur la plupart des sujets, pour la connaissance et la vérité, personne n’y faisait attention. Il est dommage que ce rappel des faits soit venu de lui. Comme il est dommage que certains aient lancé trop tôt des explications, tel le professeur Montagnier qui a évoqué une origine artificielle du virus sans apporter aucune preuve. Ces deux éléments expliquent pourquoi il est très difficile aujourd’hui de relancer le sujet. Le débat sur l’origine du virus reste totalement ouvert, fondamental et potentiellement explosif. Ouvert car on ne sait toujours rien de la manière dont il est né. Fondamental car il faut savoir comment c’est arrivé pour éviter que les choses ne se reproduisent. Et potentiellement explosif car, si la Chine a fauté, le pouvoir communiste sera mis en accusation, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Tout le narratif de la gestion idéale de la pandémie tombera d’un coup. Si Pékin avait communiqué dès le début, l’histoire aurait été digérée. Mais la Chine a agi comme si elle avait quelque chose à cacher.

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