Le synode sur l'Eucharistie qui vient de s'achever à Rome aura peut-être déçu ceux qui en attendaient quelques résultats fracassants. Mais peut-être avaient-ils mal évalué le sens de la réflexion proposée ainsi que les préoccupations des évêques ? Manifestement, le fondement d'une telle assemblée ne correspond pas aux critères définis par le système médiatique et la sociologie politico-idéologique.

 

Ces critères postulent en effet l'existence de deux pôles de référence, l'un conservateur, l'autre progressiste, à partir desquels s'ordonnent discussions et choix. L'insuffisance conceptuelle notoire de cette classification, et plus encore son inadéquation radicale à définir les enjeux théologiques, spirituels et pastoraux, sont avérées plus que jamais au terme de ces trois semaines de débats, qui n'ont pu que déconcerter les observateurs réduits à cette grille de lecture.

Le mystère de l'Eucharistie dans lequel l'existence ecclésiale se trouve complètement engagée, passe infiniment toutes considérations d'appareils, de classification des tendances ou encore d'allégeance aux courants du moment.

Le synode ne pouvait donc que partir de la méditation de ce mystère central qui, avant toute considération pratique, se doit d'être vécu en acte et en adoration pour être compris comme signe d'unité et lien de la charité. Cela n'exclut évidemment pas l'examen commun de la situation concrète de l'Eglise dans toutes les parties du monde, afin de rendre compte des besoins des différentes églises particulières et des difficultés ressenties dans l'organisation des communautés. De là l'intérêt primordial de ce type d'échanges qui font comprendre aux uns et aux autres les problèmes vécus dans des situations souvent contrastées.

Benoît XVI a voulu accroître la part de discussions ouvertes entre les évêques en ajoutant au programme une heure quotidienne d'expression spontanée. Cette disposition nouvelle a été bien accueillie et a permis de surmonter quelques frustrations anciennes.

Il est sûr que le fonctionnement d'une telle assemblée n'est pas évident. Il répond à des exigences hétérogènes alors même qu'il est commandé pour une logique de développement homogène. Le tempérament de Joseph Ratzinger, par ailleurs familier de l'expérience synodale, l'a toujours conduit à préférer le climat d'approfondissement doctrinal et la franche explication mutuelle aux contraintes d'appareil. On ne saurait donc s'étonner du déroulement particulièrement ouvert du synode, où le Pape lui-même n'a pas hésité, rompant l'habitude de présence silencieuse de ses prédécesseurs, à s'exprimer personnellement au cours des débats.

Ainsi des griefs tenaces contre la trop grande "discipline" de l'institution ont-ils été démentis sans que celle-ci eût à souffrir des affrontements redoutés par d'autres. Les cinquante propositions des Pères synodaux, soumises à l'approbation du Pape, ont été diffusées à la presse. Benoît XVI en fera une exhortation apostolique, qui, dans quelques mois, permettra de prendre la mesure de cet exercice de la collégialité épiscopale. Il reste à espérer que c'est l'ensemble de l'Eglise qui recueillera avec profit le fruit de cette méditation décisive pour sa vitalité et son développement.

Pour en savoir plus

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> SOIREE-DEBAT, Paris, 15 novembre, 20h30, basilique Ste-Clotilde, autour de Patrice de Plunkett à propos de son livre Benoît XVI et le Plan de Dieu : renseignements (entrée libre)

*Editorial à paraître dans le prochain n° de France catholique

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