Source [Le Figaro] L’État islamique a revendiqué l’assassinat de deux chrétiens dans le nord-est du pays lundi 11 novembre dernier. S’ils ne sont pas les seuls à souffrir des violences de la guerre, les chrétiens syriens restent des cibles privilégiées.
Joseph Hanna Ibrahim était prêtre de l’Église arménienne catholique, son père un simple fidèle de la communauté de Qamichli , dans le nord de la Syrie, à la frontière turque. Tous deux ont été tués lundi 11 novembre sur la route de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie. Ils se rendaient sur le chantier de reconstruction d’une église de la ville.
L’assassinat de ces deux chrétiens revendiqué par les djihadistes de l’État islamique rappelle que, dans une guerre qui a fait 370.000 morts depuis 2011, les chrétiens restent une minorité menacée. Beaucoup d’entre eux ont déjà quitté le pays - 600.000, selon les estimations du chercheur Fabrice Balanche, géographe à l’université Lyon II dans Sectarianism in the Syria’s civil war («Le communautarisme dans la guerre civile syrienne»). Ils représentent à peine plus de 10% des 5,6 millions de réfugiés syriens enregistrés par le HCR, mais 60% de la population chrétienne syrienne de 2010.
Dès les premiers mois de la contestation contre le régime, les fractures confessionnelles ont déchiré la Syrie. Les slogans d’unité ont rapidement laissé place à l’expression d’un confessionnalisme violent, comme à Homs où des manifestants scandaient «Les Alaouites au cercueil, les chrétiens à Beyrouth!»
«Les chrétiens ne sont pas les seuls visés, nuance Fabrice Balanche. Mais ils sont des cibles privilégiées». Pour les islamistes de l’opposition, et plus tard pour l’État islamique, le chrétien est un kufr, un mécréant. Sa foi est intrinsèquement inférieure à l’Islam, arriérée, car n’ayant pas pris en compte la révélation faite à Mahomet. Le sommet de la violence a été atteint avec la prise de contrôle par l’État islamique d’une partie du territoire en Syrie.
Aujourd’hui, alors que Daech se mue en une organisation clandestine, l’organisation profite de l’offensive turque qui affaiblit la surveillance des forces kurdes pour intensifier ses attentats. Le 11 novembre, l’assassinat du prêtre arménien et de son père fut perpétré au lendemain de trois explosions à Qamilchi.
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